24 novembre 2005

QUI A TUÉ BAMBI?

Entre Dominik Moll et David Lynch, le premier film de Gilles Marchand intrigue plus qu'il ne séduit. Deux heures durant, il nous trimballe entre un hôpital et un internat, sans jamais sortir de cet univers hospitalier, à la rencontre de l'inquiétant docteur Phillip (Laurent Lucas, meilleur acteur français du monde), qui fait on ne sait trop quoi avec les patientes comateuses. À coups de jeux étranges, d'indices semés, d'oeillades attirantes, Phillip entraîne Isabelle dans un jeu pervers aux règles troubles. Un peu trop troubles, même. Car arrivé en fin de film, on ne sait toujours pas sur quel pied danser. Que vient-on de voir? Un long fantasme? Un thriller aux accents oniriques? Un sordide fait divers? Impossible à dire, à la faveur d'une scène inexplicable en fin de parcours. S'il est difficile de déterminer les intentions de Marchand, on doit bien avouer que son film tient en haleine tout du long. Ce qui n'est pas rien.
7/10

BIENVENUE MISTER CHANCE

Complètement en dehors de son époque, Chance a eu une drôle de vie. Jardinier pour un vieil homme riche, il a passé toute sa vie dans la même maison sans jamais (je dis bien jamais) sortir. À la mort du vieil homme, il est prié de quitter les lieux. Découvre le monde extérieur. Rencontre des gens importants. De plus en plus importants... Sur cette trame à la Forrest Gump, Hal Ashby signe une fable tendre et grinçante sur les ravages de la rumeur et le pouvoir de la presse. Car Chance, mutique et renfermé, qui ne connaît de la vie que la télévision et le jardin, est pris pour quelqu'un d'important, invité dans les plus grandes émissions, apprécié pour sa culture, lui qui ne sait ni lire ni écrire... Tout de même un brin répétitif, le scénario doit beaucoup au jeu magistral de Peter Sellers, candide et innocent, toujours le même sourire vissé aux lèvres, se contentant d'être là (d'où sans doute le titree original, Being there). La fin du film, purement géniale, sème le doute dans nos esprits en un seul plan.
8/10

22 novembre 2005

TURNING GATE

Certains films donnent l'impression bizarre que faire du cinéma, c'est facile. Rien ne saute aux yeux, aucune prouesse technique, un scénario simple, personne ne tire la couverture à lui, et ça fait un film génial. Qu'on ne s'y trompe pas : la force de ce genre de film, c'est justement de faire croire à une aisance totale quand la qualité de la chose ne résulte en fait que du talent de ses protagonistes. En tête, Hong Sangsoo, jeune réalisateur coréen presque aussi prolifique que son compatriote Kim Ki-duk. Chacun de ses films est basé sur les mêmes éléments : de jeunes gens, un dépit amoureux, beaucoup d'alcool, du sexe un peu cru mais jamais racoleur, des cadrages précis et sobres (à la Bresson, pourrais-je dire si j'y connaissais quelque chose), un scénario incroyablement fort malgré (ou grâce à?) la simplicité des arguments développés. Ici, Turning gate est un film chapitré et très tranché où un jeune acteur déboussolé par un gros fiasco tombe amoureux, puis se barre, puis retombe amoureux. C'est à la fois cohérent et décousu. C'est souvent drôle, toujours juste, et jamais ennuyeux malgré une certaine lenteur du récit. Si tous les films de Sangsoo se ressemblent (à l'image de leurs affiches, toutes exactement construites sur le même modèle), il y a toujours ce petit truc qui modifie complètement l'ensemble. Il n'est pas interdit de penser que Turning gate est jusqu'ici le meilleur film d'un fabuleux réalisateur.
9/10

19 novembre 2005

BOB L'ÉPONGE - LE FILM

Celui qui ne connaît pas Bob l'éponge et son fidèle ami Patrick est un has-been sans nom. Voilà, c'est dit. Au début, on est un peu déçu par cette adaptation sur grand écran. Assez lent, plutôt poussif, pas très drôle... Puis d'un coup, le film se débride et on retrouve le Bob qu'on aime. Allant de décalé à franchement débile, l'humour est omniprésent, et on se poile comme des cons. Il y a même David Hasselhoff! Malgré un graphisme peu engageant au départ, Bob l'éponge est un dessin animé sacrément marrant, qui ne prend les spectateurs ni pour des cons ni pour des purs génies. Et ça fait du bien.
9/10

SANG ET OR

À ceux qui pensent que Sang et or est un film sur le Racing Club de Lens : quittez ce site sur le champ. Scénarisé par Kiarostami, Sang et or porte l'empreinte de ce cher Abbas, tout en étant moins ennuyeux que la plupart de ses propres films. Le "jeune" Jafar Panahi injecte un rythme plus soutenu et une énergie remarquable à cette histoire d'un livreur de pizza qui finit par péter les plombs à la suite d'une overdose d'injustices sociales. Oubliez toute possibilité de suspense : la fin de l'histoire est contée dès le prégénérique (et il suffit de regarder l'affiche pour deviner ce qui se produit). Ce qui fascine Panahi, c'est l'errance d'un pauvre type bien sous tous rapports qui souffre juste de ne pas être assez haut placé pour pouvoir offrir une vie correcte à sa future femme. On n'est pas pour autant dans un film purement social : Panahi se garde bien d'être Ken Loach, et son film a davantage des allures de chronique. Interprété de façon magistrale par un certain Hossain Emadeddin, Sang et or prouve une nouvelle fois que le cinéma iranien se porte bien.
8/10

N'OUBLIE PAS QUE TU VAS MOURIR

Acte 1 : Benoît veut esquiver le service militaire et se retrouve à l'hosto, où il apprend qu'il est séropositif. Acte 2 : pendant un bref séjour en prison, Benoît rencontre un junkie nommé Omar, qui l'initie aux plaisirs de la défonce. Acte 3 : Benoît tombe amoureux de Claudia, qui ne comprend pas son obsession pour les capotes. Voilà, par le menu, N'oublie pas que tu vas mourir. Un titre impitoyable et un rien complaisant, à l'image du film. Avant d'être l'excellent réalisateur de Selon Matthieu et Le petit lieutenant, Beauvois fut ce cinéaste brillant mais un brin tête-à-claques dont la principale (et unique?) motivation semblait de faire du cinéma d'auteur sans concession. De ce point de vue, c'est réussi. N'oublie pas que tu vas mourir est un film âpre et nauséeux, qui bouscule les bien-pensants et en choquera plus d'un. Reste une morale assez trouble et une interprétation un brin nombriliste de Beauvois (qui interprète le rôle-titre). Le film signe en tout cas les prémices d'un immense talent à venir.
7/10

LE COUTEAU DANS L'EAU

Un couple d'automobilistes manque d'écraser un jeune auto-stoppeur imprudent. Le jeune homme monte finalement dans la voiture et se montre insolent et assez déplaisant. Puis se fait inviter sur le bateau du couple pour une mini-croisière à trois... Rassurez-vous, ce n'est pas un serial-killer, on n'est pas dans Calme blanc, personne ne va tronçonner personne. C'est bien mieux que ça : le dernier film polonais de Polanski est une bataille psychologique. Un combat de coqs entre deux hommes qui se battent sans se l'avouer pour une femme (épouse pour l'un, fantasme pour l'autre). Une guerre d'usure où même une partie de mikado devient une parade amoureuse. Ce huis-clos en plein air est un vrai tour de force. Peu d'action, trois personnages ni plus ni moins. Et ça marche du feu de Dieu. Le malaise est au rendez-vous : peu de cinéastes savent rendre cette sensation aussi bien que Polanski. Pervers à souhait, Le couteau dans l'eau est l'une de ses plus grandes réussites. On a du mal à imaginer que c'est le même type qui a fait Oliver Twist.
9/10

THE ADJUSTER

Début des années 90 : au plus fort de son talent, Atom Egoyan signait ce méconnu Adjuster (ça veut dire "agent d'assurances chargé d'évaluer les dégâts des sinistres domestiques", mais c'était trop long comme titre). Un couple vit dans une maison témoin en attendant mieux : lui est donc un agent d'assurances qui s'implique un peu trop dans la vie de ses clients ; elle travaille dans un comité de censure et pirates les scènes de sexe censurées pour les montrer à sa soeur. Un réalisateur bizarre souhaite utiliser leur maison comme décor pour son nouveau film... Comme il allait le faire quelques temps plus tard avec Exotica, Atom Egoyan livre une petite perle trouble et moite, où le sexe est l'unique point d'ancrage commun à tous les êtres humains. Problèmes de communication, mal-être, désir dévastateur : The adjuster est un film choc qui ravive bien des pulsions et bien des malaises. S'il a moins bien réussi depuis quelques films à camper ce trouble d'ordre sexuel (LE thème récurrent dans sa filmographie), Egoyan n'en reste pas moins le spécialiste de ce domaine : jamais racoleur, toujours vivace. Brillantissime.
9/10

NARC

Il y a des films qui vous prennent aux tripes sans prévenir. Narc est de ceux-là. Polar urbain d'apparence banale, le film de Joe Carnahan est une grosse claque violente et sans concession d'où émergent deux acteurs grandioses : Ray Liotta, impeccable lorsqu'il choisit bien ses rôles, et Jason Patric, rarement éblouissant mais ici franchement émouvant. Carnahan semble être un cinéaste nerveux : sa plume et sa caméra tremblent et tanguent, toujours sur le fil du rasoir, et on reste scotché. Sous le classique whodunit (qui a tué le flic infiltré?), il livre un film douloureux et exigeant, qui commence de très belle manière et finit encore mieux (la dernière demi-heure, qui prend pour unique décor un vieux garage, est aussi forte par l'action que par les dialogues). On attend toujours la confirmation du talent de Carnahan : après avoir été brièvement placé à la tête de l'arlésienne M:I-3, il a quitté le projet. Pas étonnant : on sent chez lui un désir d'intégrité artistique et la volonté de ne pas faire n'importe quoi à n'importe quel prix.
8/10

18 novembre 2005

LA VALSE DES PANTINS

À New York, on est prêt à tout pour rencontrer le succès. C'est notamment le cas de Rupert Pupkin, quidam souhaitant devenir comique, et qui décide pour celà d'approcher son idole Jerry Langford par quelque moyen que ce soit. Alors forcément, quand le cirage de pompes ne fonctionne pas, quand l'incruste foire lamentablement, il faut employer les grands moyens. Brilante satire du milieu du showbiz et de la starification à outrance, La valse des pantins est un film très malin. Parce que le film ne sombre jamais dans une violence inutile. Parce qu'il reste toujours très crédible. Parce qu'il laisse planer le doute sur Pupkin : est-il un comique raté ou possède-t-il un véritable talent? Faute de pouvoir répondre, on a le cul entre deux chaises. Gros nul prêt à tout pour devenir une star (aujourd'hui, d'autres entrent dans des lofts pour la même raison), ou prodige désespéré qu'on ne reconnaisse pas son don? Impossible de répondre à cette question. Quant à Jerry Langford, la star des stars, si drôle et sympathique en public, elle tombe le masque en coulisses et montre un visage nettement plus antipathique. On comprend mieux d'où vient le Mon idole de Guillaume Canet, qui sur le même thème et à partir de personnages sensiblement proches, a fait un trip moins efficace mais plus délirant.
8/10

17 novembre 2005

INSOMNIES

À 2 heures du mat', comme sa femme n'est toujours pas rentrée, Ed Saxon décide de s'inquiéter. S'en suit une longue attente où l'angoisse, le manque de sommeil et les médicaments vont plonger Ed dans un marasme de plus en plus trouble. Fascinant huis-clos, Insomnies est d'abord un très bel exercice de mise en scène. Le réalisateur Michael Walker parvient à captiver l'assemblée avec un seul personnage (les autres ne faisant que de brèves apparitions) et un seul lieu. Parti pris audacieux : en dehors d'une scène de rêve, on ne quitte jamais la maison des Saxon et on ne voit jamais ce qui se passe à l'extérieur, ce qui accentue la sensation d'égarement spatio-temporel. Insomnies est aussi un grand film sur les cinq sens. Walker a fait un film ultra sensoriel, où même l'odorat et le toucher semblent sollicités. Mais c'est d'abord l'ouie qui en prend un coup : sur de légères ambiances sonores, Walker bâtit un monde angoisant et instable. Dans le rôle principal, Jeff Daniels est étonamment brillant.
7/10

15 novembre 2005

LA PREMIÈRE FOIS QUE J'AI EU 20 ANS

Hannah goldman a bientôt dix-sept ans, et elle n'est pas très bien dans sa peau. Elle est juive, rondouillarde, et la première femme de l'histoire à prétendre intégrer le jazz band de son lycée. La contrebasse, les mecs, les kilos, la famille : autant d'embûches sur la route du bonheur. Ça ressemble à un livre de la collection "Je bouquine", et c'est très bien comme ça. Gentiment drôle, drôlement féroce, férocement gentil, La première fois que j'ai eu 20 ans est un film de Jean-Jacques Zilbermann à la sauce junior. Porté par des comédiens excellents (Marilou Berry, meilleure que sa môman, Serge Riaboukine, Adrien Jolivet...), le film de Lorraine evy est un moment extrêmement plaisant, pittoresque à souhait, et qui file la pêche.
6/10

12 novembre 2005

GLORIA

Ses voisins s'étant fait buter par des mafieux, Gloria se retrouve avec leur jeune fiston sur les bras. D'abord réticente, elle finit par accepter de le prendre en charge. Puis décide de le protéger des méchants qui le recherchent, quitte à devoir tuer. Si le film de Cassavetes est évidement bien meilleur que son remake (réalisé par Sidney Lumet avec Sharon Stone), il n'est pas non plus le grand film pris en exemple par beaucoup. Si l'on ne doit retenir qu'une chose de ce film, c'est l'interprétation exemplaire de Gena Rowlands, qui rend grâce à un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Pour le reste, Gloria est un polar d'auteur divertissant bien qu'un peu long. Pas plus.
6/10

10 novembre 2005

INSTITUT BENJAMENTA

Film marginal de deux frangins bizarroïdes (Timothy & Stephen Quay), Institut Benjamenta est à peu près irrésumable. Disons qu'au début, Jakob (Mark Rylance, fabuleux comme toujours) arrive à l'institut Benjamenta pour y aprendre à être une espèce de majordome ou de valet ou un truc comme ça. À coups d'exercices bizarres et de répétitions incessantes de la même et unique leçon chaque jour, Jakob apprend. Voilà. En fait, le résumé, on s'en fout. Institut Benjamenta est plus intéressant d'un point de vue esthétique. Un noir et blanc strict, une ambiance pesante (peu de sourires, de dialogues, de contact humain). Une sorte d'ascèse cinématographique. On est hypnotisé, envoûté (on a aussi le droit de s'emmerder complètement, ce qui n'est pas mon cas). En fait, c'est quand les frères Quay commencent à chercher une raison à leur film et tentent de lui donner une structure logique avec une intrigue et tout ce qui est digne d'un film dit "normal" que leur château de cartes tend à s'écrouler. Résultat, on décroche en fin de course. Mais quelques scènes franchement barrées ont suffi pour mettre le feu aux poudres de notre curiosité. Drôle d'objet, à ne pas mettre entre toutes les mains.
7/10

05 novembre 2005

LA MÉMOIRE DU TUEUR

Au début, La mémoire du tueur se situe à la croisée de Memento et Ghost dog : un vieux tueur rongé par la maladie d'Alzheimer décide de braver la mort en butant un à un les protagonistes d'une affaire de prostitution de gamine. Sa mémoire défaillante et sa solitude extrême pourraient lui jouer des tours. Point de départ fascinant, traitement glaçant et haletant : le film d'Erik Van Looy a tout pour devenir un classique du genre. Malheureusement, à la faveur d'une deuxième heure plus consensuelle, le cinéaste s'égare, et nous avec. Si l'atmosphère de La mémoire du tueur est toujours aussi tendue, le propos, lui, s'étiole à la façon d'un épisode de ce bon vieux Derrick. Reste l'interprétation formidable de Jan Decleir, désabusé et haut perché en tueur qui perd la boule.
7/10

PÉDALE DURE

C'est vrai, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Quelle idée de regarder un truc pareil? Je sais pas. Une déprime passagère, sans doute. Si Pédale douce n'était pas un monument de drôlerie, ça avait au moins le mérite de tenter de résister aux clichés sur les homosexuels. là, non. Bertrand "misogyn-man" Blier cosigne le scénario, et on nage donc au milieu d'un troupeau de folles furieuses qui vivent en justaucorps et chantent du Dalida toute la journée. Comme Gabriel Aghion a compris depuis longtemps qu'il est absolument incapable de trousser une intrigue, il fait depuis quelques temps des films qui ne racontent rien, comme ça il est tranquille. Ça laisse le champ libre à Blier pour faire le zozo, et c'est encore pire que dans ses propres films. À part Michèle Laroque (qui se sexyise en vieillissant, c'est assez saisissant), tout le monde a l'air de se demander ce qu'il fout là. Ça fait particulièrement mal de croiser Jacques Dutronc, acteur trop rare, venu cachetonner avec un ennui et une gène bien visibles. Pas assez navrant pour être jubilatoire, extrêmement ennuyeux pour ceux qui le font comme pour ceux qui le regardent, Pédale dure est une merde, une vraie, du genre qui colle à la semelle.
0/10

04 novembre 2005

MÉPRISE MULTIPLE

Mon Kevin Smith préféré. Grivois et touchant, immature et intelligent, un film en trois dimensions qui fait bien marrer tout en faisant chaud au coeur. On n'y voit presque pas Jason Mewes (j'y peux rien, c'est épidermique, dès que je le vois j'ai envie d'avaler du fil barbelé), Silent Bob y est plus bavard que jamais... Un gros pied, qui allie sexisme, comics, glande, avec un sens inné de la dérision. Quant il ne s'adonne pas à des délires purement scatos, Kevin Smith est un excellent amuseur public qui se permet en plus de balancer quelques vérités à la gueule des bien pensants. Par les temps qui courent, c'est toujours bon à prendre.

8/10

LE CARTON

Truffée d'acteurs un peu nuls mais sympathiques (Desagnat, Salomone, Fred & Omar...), une comédie de boulevard vraiment pas drôle (du niveau d'un mauvais épisode de H sans le son, voyez le genre). Ce n'est pas qu'on s'ennuie mais il ne se passe absolument rien d'intéressant. Le casting dynamique fait ce qu'il peut, mais il n'y a pas beaucoup de matière à défendre : même les tentatives d'humour ne sont pas légion. On se dit que ce n'est pas très grave : de toute façon, c'est le genre de film dont on n'attend rien. Alors au mieux on a une mini bonne surprise qui file le sourire, au pire on a un navet. Sans l'atteindre, on est plus proche du pire. Finalement, c'est le genre de film dont l'intérêt principal est lié aux guests-stars : on les guette comme Mickey et Dingo à Disneyland ("oh, regarde! Djamel Bouras! oh! Michael Youn! oh!").
2/10

CLOCKERS

L'un des meilleurs (ou devrais-je dire "moins mauvais"?) Spike Lee. Il évite en partie le manichéisme et la subjectivité pour livrer l'histoire touchante d'un jeune noir qui tente de couvrir son frangin pour une affaire de meurtre. La piquouze et le crack sont des personnages importants du film. Le message est simple et connu mais tellement vrai : il suffit de choisir une seule fois de toucher à ce genre de drogue et on plonge dans le côté obscur. Lee a enlevé ses gros sabots pour chausser des pantoufles pas beaucoup plus confortables mais en tout cas plus discrètes. Alors évidemment, c'est trop long (vous connaissez beaucoup de films de Spike Lee de moins de deux heures?), parfois stéréotypé, mais l'essentiel est là : une bonne histoire au service d'un message respectable. Lee étant un cinéaste souvent insupportable, on n'en demande pas plus.
6/10

03 novembre 2005

GHOST IN THE SHELL 2 - INNOCENCE

C'est de renommée mondiale : le manga , l'anime, le tutti quanti et moi, on n'a jamais été copains.
Mais comme il faut bien s'adapter, j'ai décidé de faire un effort et de visionner ce GITS 2.
Résultat : je ne me suis toujours pas réconcilié avec ce genre, ce n'est absolument pas ma tasse de thé, mais il y a un 'mais'.
Parce que je ne me suis presque pas ennuyé.
Parce que j'ai trouvé le scénario intéressant et bien foutu. Et que j'en ai compris les grandes lignes (ce qui n'était pas gagné d'avance, croyez-le bien).
Alors bon, ça regorge un peu trop de philosophie de bazar et de citations bouche-trou à mon goût et je ne suis impressionné à aucun moment par la 'beauté' de l'image (mais ça, c'est parce que le monolithe que je suis préfèrera toujours une image crasseuse mais réelle à une image virtuelle ultra chiadée).
Et, attention hérésie, dans le genre réflexion sur l'intelligence artificielle, je préfère un gros machin comme I, robot.
Mais j'ai regardé le film jusqu'au bout, et je ne le regrette pas. Ce qui est un évènement absolument gigantesque.
4/10

MILLE MOIS

Maroc, 1981, le mois du Ramadan. Amina s'installe chez son beau-père, Ahmed, avec son fils de sept ans, Mehdi, dans un village au coeur des montagnes de l'Atlas. Alors que son père est en prison, Mehdi croit que celui-ci est parti travailler en France : sa mère et son grand-père entretiennent ce secret pour le préserver. A l'école, il a le privilège de s'occuper de la chaise de l'instituteur. Son rapport au village, à ses copains et au monde est construit autour de cet objet. Epargner Mehdi est le grand souci d'Amina et Ahmed, mais à quel prix ? L'équilibre fragile de cette vie menace tous les jours de voler en éclats...
Bon, ça c'est le résumé d'Allociné, parce que j'avais la flemme.
Tout ça pour dire que Mille mois, Prix de la Jeunesse à Cannes 2003, c'est très bien. L'exil, la discipline, le mensonge, le clou planté dans la chaise, la mort : tous les thèmes sont traités avec une pertinence et un ton fait d'humour à froid (le jeune Medhi ressemble à un mini Jacques Tati) et de gravité. Pour son premier long, Bensaïdi (coscénariste de Téchiné sur quelques-uns de ses derniers films) fait preuve d'un vrai talent dans la composition des plans. Dans chacun d'entre eux, il y a toujours au moins trois choses à regarder. Il y a des couleurs belles et éclatantes, mais ça ne ressemble pas pour autant à un catalogue Havas voyages. Mille mois, c'est bien. En plus, le DVD a beau être édité chez MK2, il y a plein de jolis bonus. Ce qui est assez surprenant (parce que bon, chez MK2, il n'y a qu'au niveau des prix qu'ils ne se mouchent pas du coude).
7/10

COMÉDIE ÉROTIQUE D'UNE NUIT D'ÉTÉ

En 1982, Woody était encore capable de sortir de Manhattan (ce qu'il commence tout juste à savoir faire de nouveau, avec le british Match point) pour faire des films.
Il n'avait pas encore tapé sur Mia Farrow ; c'était même leur tout premier film ensemble. Là où la magie a commencé à opérer.
Comédie érotique d'une nuit d'été est au départ un gentil vaudeville, comme du Feydeau mais en plus fin. Et surtout, avec des dialogues signés par Woody Allen, le vrai, le grand, le type qui a réalisé tous ces petits bijoux discrets et charmants.
Le film comporte en tout et pour tout six personnages :
Andrew (Allen) est marié à Adrian, le vieux Leopold et la jeune Ariel (Farrow) se marient le lendemain, Maxwell et Dulcy copulent sans s'aimer.
Mais Andrew a toujours été amoureux d'Ariel, qui séduit également Maxwell, tandis que Leopold aimerait bien se faire Dulcy avant de se marier, et qu'Adrian n'arrive plus à coucher avec Andrew...
Ce qui fait la réussite du film, c'est qu'au lieu de jouer la carte de la comédie avec portes qui claquent et quiproquos, Woody s'empare de ces codes et les déforme sans trop appuyer. Ça donne un résultat gentiment jouissif et délicieusement grisant, regardable en boucle.
7/10

THE TASTE OF TEA

C'est une famille d'apparence normale, mais ils sont tous un peu givrés. La petite fille croit que son double géant ne disparaîtra pas tant qu'elle n'aura pas réussi à faire la figure de ses rêves à la barre fixe. Le grand-père effectue des danses sérieusement siphonées. Personne ne tourne bien rond. Une famille formidable, quoi. Sauf qu'au lieu d'Anny Duperey et Bernard Le Coq, Ishii nous offre sur un plateau une série d'acteurs étonnants et surtout un enchaînement de scènes d'une incroyable force picturale. On nage toujours en plein absurde : les visions peuvent se matérialiser (un peu comme dans "Ally McBeal"), les films d'animation avoir réellement lieu. C'est beau, drôle, poétique. The taste of tea est un film magique, une sorte de Walt Disney pour grands, le genre qui fait franchement du bien.
8/10

02 novembre 2005

THE ARRIVAL

Avant de s'acoquiner avec Vin "Riddick" Diesel, David Twohy s'est fait les crocs sur cette histoire d'un scientifique que tout le monde fuit lorsqu'il affirme avoir détecté des signaux extra-terrestres. Sujet très à la mode il y a dix ans, puisque The arrival est sorti une petite semaine avant le Contact de Zemeckis. Un film qui traitait de la même interrogation insoutenable pour nous qui avons peur de notre voisin de palier : s'ils existent, les E.T. ressemblent-ils plus à Alf ou à un Alien? Plus axé parano, le film de Twohy imagine une sorte de grande conspiration ("Bijour, missié Vincent") venue tout droit du Mexique. Ça donne lieu à un agréable thriller paranoïde où faire confiance est difficile, ou prendre un bain peut être très dangereux (attention, chute de baignoire) et où les extra-terrestres ne tuent pas à coup de rayons laser mais en lâchant des scorpions dans votre chambre d'hôtel. Si Twohy cherchait à jouer la crédibilité, c'est raté. Si son but était de faire un pur divertissement, ça marche. Dans le premier rôle, Charlie Sheen fait un excellent Zane Zaminski (si si).
5/10