30 juillet 2007

CODE 46

Le nom de Winterbottom fait souvent résonner quelques légers quolibets dus au fait que le bonhomme tourne vite, beaucoup, et sans doute trop. Son prochain film à sortir, Un coeur invaincu, sera le quinzième en 12 ans. pourtant, à bien y regarder, y a-t-il vraiment de mauvais films dans la carrière du bougre? Non. Quelques pièces dispensables, tout au plus, mais rien qui mérite une lapidation.
Dans la jongle des films winterbottomiens, entre un western, une comédie romantique et des docu-fictions, il y eut également un film de science-fiction, Code 46, le seul à ne pas avoir eu les honneurs d'une sortie en salles. Impossible à vendre, sans doute. Sous des airs de film d'anticipation, il s'agit avant tout de la description quasiment naturaliste d'une romance vraie et sincère. C'est là le plus intéressant dans Code 46 : comment Winterbottom détourne et met à profit les codes de la SF pour livrer un objet spleenesque et délicatement romantique. Un inspecteur télépathe, une fabriquante de faux papiers, un univers cosmopolite et paranoïaque, où l'on parle un dérivé de l'esperanto...
Si l'on devait donner un élément de comparaison pour Code 46, il conviendrait de citer le Solaris de Soderbergh, les deux films partageant cette mélancolie extra-terrienne et cette sensation que l'amour vaut tous les voyages intersidéraux. Dit comme cela, ça n'est pas très attirant ; mais Winterbottom dépeint ses personnages avec une telle économie de mots qu'un charme vaporeux se met à opérer. Il y a peu de contact physique entre les êtres, et pourtant Code 46 apparaît comme un film charnel, quasi érotique à force de dissimuler jusqu'au plus petit des désirs. L'improbable duo Samantha Morton / Tim Robbins pousse plus loin la bizarrerie de l'ensemble, faisant de Code 46 une curiosité qui ne convaincra pas toute l'audience mais qui en intriguera plus d'un.
8/10

28 juillet 2007

DEMANDE À LA POUSSIÈRE

Les fans de John Fante doivent maudire Robert Towne d'avoir pondu cet incongru Demande à la poussière, qui ne respecte en rien l'esprit et les personnages du romancier. Les autres (parmi lesquels moi-même) n'apprécieront pas davantage cette ennuyeuse comédie dramatique dans laquelle un jeune auteur en galère attend l'inspiration et l'amour.
Towne a beau être un scénariste renommé, il semble avoir légèrement perdu les pédales sur ce film, notamment en ce qui concerne le choix de Colin Farrell pour jouer Arturo Bandini. Bandini est un homme moyen, voire médiocre, qui peine à séduire les femmes... bref, y a comme un os. Face à lui, Salma Hayek est plus crédible, même si son imagerie de bimbo nuit à la cohérence du film. Pour le reste, Towne filme poussivement un scénario sans inspiration, qui bannit toute forme d'humour (le comique fantien est dur à déchiffrer mais assez palpable tout de même) et préfère zoomer sur les pires clichés du genre. L'écrivain n'a pas un sou, il se vautre dans la fange, rencontre une femme séduisante mais illettrée, et après quelque complications ils vivront un amour tourmenté et éphémère, se terminant tragiquement (y a toujours une bonne toux grasse pour gâcher une passion). Pas grand chose à tirer de ce long pataquès de presque deux heures, dont on comprend désormais qu'il soit passé inaperçu à sa sortie en salles l'été dernier. L'affiche ne fait pas tout...
3/10

20 juillet 2007

KING OF THE ANTS

Stuart Gordon est un gros taré. Et on est en droit d'aimer ça. Comme le récent Edmond, King of the ants décrit l'aventure rocambolesque, violent et nonsensique d'un être complètement paumé. Le héros du film est un jeune peintre qui devient tueur avant de devenir lui-même la proie de ses commanditaires, qui feront de lui un légume avec un simple club de golf et un morceau de matelas... Le film fonctionne comme cela, par des rebonds incessants, où parano et coincidences troublantes semblent ne faire qu'une.
Violence froide, uppercuts visuels, idéologie singulière : décidément, Gordon aime frapper fort et imprimer ses films dans la rétineet le cortex du spectateur. Qu'importe si King of the ants se perd plusieurs fois en route à force de partir dans tous les sens ; c'est en même temps ce qui fait son charme. Il y aurait de quoi faire une demi-douzaine de films avec les milliards de mégatonnes de matières contenus dans ce film si étrange et perturbant. Ne manque en fait qu'un interprète plus convaincant ; le jeune Chris McKenna n'est pas vraiment à la hauteur d'un Stuart Gordon boudé par les distributeurs mais de plus en plus passionnant.
8/10

17 juillet 2007

PREUVE IRRÉFUTABLE

Il faut sans doute apprécier un minimum les mathématiques pour apprécier ce Preuve irréfutable fort méconnu. Au centre du film (adaptation par David Auburn de sa propre pièce), un cahier renfermant la démonstration d'un théorème assez fondamental. Autour de ce cahier se tisse un drame familial autour de la folie, de la perte d'identité, et du soupçon. Étonnant que John Madden, réalisateur oscarisé de Shakespeare in love, se soit lancé dans un projet si intime et refermé sur lui-même : en dépit d'un casting intéressant (Jake Gyllenhaal, Hope David, Gwyneth Paltrow), Preuve irréfutable a tout d'un film indépendant, minimaliste et discret.
Ponctué par de légères bizarreries qui viennent troubler l'ordre établi, Preuve irréfutable se permet d'inviter des fantômes et de parler de mathématiques pendant des scènes entières. De quoi faire fuir une majorité de spectateurs. Dommage : le film donne justement à comprendre ce qui se pase dans la tête d'un matheux lorqu'il semble excité à l'idée de résoudre un problème. Un mélange d'exaltation (les mathématiques sont une sorte d'aventure permanente) et de folie (il faut quand même être siphonné pour avoir envie de prouver les théorèmes invoqués dans le film). Voilà qui donne un attrait certain à ce théâtre filmé de toute façon pas déplaisant.
6/10

13 juillet 2007

LES FOUS DU ROI

Steven Zaillian a toujours été un scénariste ennuyeux. De La liste de Schindler en Hannibal, il a plombé quasiment tous les sujets qu'il a pu aborder au cours de sa carrière. Les fous du roi n'échappe pas à la règle : l'anti-roi Midas a encore frappé. Le film conte l'ascension politique d'un prolétaire idéaliste qui va dépasser son statut d'homme de paille avant d'être brutalement happé par le système. Baillements. Il faudra 135 minutes à Zaillian pour étaler cette histoire signeusement troussée, d'un classicisme uniformément emmerdant et d'une rare lourdeur didactique.
C'est typiquement le genre de film qui semble cousu de fil blanc, aussi complexe que soit le script. Il en est de même pour le casting : brillant sur le papier (d'Anthony Hopkins à James Gandolfini), il se révèle incroyablement plat à l'écran. Quant à Sean Penn, s'il sait se montrer fort brillant lorsqu'il est inspiré par un rôle, il retombe ici dans ses pires travers, grimaçant, beuglant et clignant des yeux pour montrer sa souffrance et celle de son peuple. Ni fait ni à faire, Les fous du roi ne vaut que par de rares séquences de nuit, où Zaillian et son chef opérateur montrent une rare application dans l'utilisation du clair-obscur. C'est peu.
3/10

10 juillet 2007

GOMEZ & TAVARÈS

En prenant un peu de recul, on se dit que le récent Gomez vs. Tavarès, d'une nullité absolument inimaginable, a au moins un mérite : celui de faire passer Gomez & Tavarès, premier épisode des aventures canebièro-beaufesques de Titoff et Stomy Bugsy, pour un petit chef d'oeuvre. Clairement vendu comme une saine alternative à la tétralogie Taxi, Gomez & Tavarès est à la hauteur de ses ambitions : lourd, gras, bâclé, bruyant.
Alors oui, c'est nul, et c'est un bien triste testament pour le pauvre Jean Yanne (qui s'est toujours moqué de la postérité) ; mais au moins, le film n'a pas la prétention de sa suite, qui aurait voulu passer pour du Michael Mann. Ici, c'est juste assez navrant pour qu'on fasse passer l'ennui en se moquant ouvertement ; c'est dingue comme certains défauts peuvent parfois ressembler à s'y méprendre à des qualités.
1/10

09 juillet 2007

GROOM SERVICE

Il est toujours délicat de juger un film à sketches dans sa globalité. Constitué de quatre segments reliés par le même personnage central (un groom facétieux et hyperactif), Groom service est en effet des plus hétérogènes, commençant dans l'ennui le plus total pour se terminer sur les chapeaux de roue.
Est-ce un hasard si Alexandre Rockwell et Allison Anders ont aujourd'hui disparu de notre paysage? Sans doute pas : auteurs de quelques longs métrages pour le moins pénibles, les metteurs en scène des deux premiers quarts du film prouvent ici encore qu'ils ne savent faire que des films poussifs. Dans The missing ingredient, Rockwell organise une réunion de sorcières auxquelles ne manque qu'un peu de semence fraîche. Le groom (Tim Roth, hystérique et agaçant) va se retrouver au centre des convoitises d'un film anecdotique et ennuyeux à mourir, où Madonna et Valeria Golino viennent perdre leur temps et leur talent. Idem pour The wrong man, lourde comédie de boulevard dans laquelle le groom est victime d'un mari jaloux et qui se trompe de cible. Tout bonnement consternant.
Heureusement, Robert & Quentin se sont octroyé les meilleures places. Dans The misbehavers, Rodriguez s'amuse avec deux gosses livrés à eux-même et faisant les quatre cent coups dans la chambre d'hôtel. Cinéaste s'essoufflant souvent sur la longueur, Rodriguez révèle ici une fraîcheur inattendue, parfaitement adaptée à ce format. Son film est plutôt drôle, bien foutu, et avec une vraie chute. Une bonne surprise, qui ouvre l'appétit avant The man from Hollywood, segment tarantinesque par excellence, dans lequel mister QT s'amuse à plonger un intrus mal à l'aise (le sempiternel groom) dans un monde de stars complètement allumées, avec un pari stupide à la clé. Nouvelle preuve de l'incroyable talent de Tarantino à faire beaucoup avec pas grand chose, et à faire de la durée de ses plans un véritable atout. Il installe un vrai suspense en un clin d'oeil, avant de conclure par une pirouette assez hilarante. De quoi faire oublier les débuts miteux de ce drôle de projet, qui laisse heureusement une assez bonne dernière impression.
5/10

SHREK 2

Fidèles à l'adage hollywoodien "succès = suite", les studios Dreamworks rempilent pour un deuxième volet des aventures de Shrek. Lord Farquaad définitivement éliminé, la princesse Fiona redevenue l'ogresse qu'elle aurait toujours due être, il est temps pour Shrek de vaquer à d'autres occupations. C'est à nouveau l'occasion pour les auteurs de livrer un script paisible et sans guère d'aspérité : Shrek part avec son amoureuse rencontrer ses nouveaux beaux-parents. Quelques embûches feront à peine cahoter le train-train d'un film trop bien huilé, ressemblant de très près au premier épisode.
L'évolution des personnages ne sert pas vraiment le film : en passant au vert, la princesse a perdu sa vivacité et son sens de la répartie, devenant aussi molle que la grosse meringue à laquelle elle ressemble. Combinée à la disparition du haineux petit Farquaad, cette métamorphose enlève au film la dose de mauvais esprit qui faisait son charme. Et ce n'est pas l'apaprition d'un personnage aussi faible que le Chat Potté qui permettra à Shrek 2 d'augmenter son capital charme...
C'est en fait du côté de la technique que vient le salut. Plus beau, plus lisible que le film précédent, Shrek 2 ravit l'oeil à défaut de contenter les zygomatiques. Ceux-ci frémiront tout de même plus d'une fois, notamment par l'abattage des personnages de troisième zone, notamment Pinocchio et le bonhomme en pain d'épice. Ça fait de Shrek 2 un spectacle finalement équivalent à Shrek, ni plus génial, ni plus mauvais. Et comme ça finit une nouvelle fois par des chansons...
5/10

SHREK

Au commencement était un ogre, vert et puant, vivant paisiblement dans un marais nauséabond. Shrek raconte la rencontre de cet ogre avec une jolie princesse (qui s'avèrera un peu plus tard est l'exacte égale du héros) et un âne bâté visiblement shooté aux amphétamines. À la fois hommage et parodie, Shrek se base en tout cas sur les contes les plus célèbres, souvent mis en images de façon impeccablement classique par les Studios Disney d'après-guerre. Ça donne un film tendre et gentiment drôle, qui rebondit fréquemment sur la case scato pour pouvoir trouver un nouveau souffle, mais qui ne perd jamais le fil de ses intentions.
Plus que par son scénario gentil mais planplan, c'est par la force de ses personnages que Shrek force la sympathie. Autour de Shrek, le plus sérieux de la bande (comme le vieux flic buriné dans la plupart des buddy movies), gravitent donc cet âne d'anthologie, auquel Eddie Murphy confère une énergie et un style inimitables, cette princesse sexy et téméraire, parfait contrepoids à la bonhommie de l'ogre, et quelques personnages secondaires mais essentiels, notamment lord Farquaad, véritable petit Sarkozy, boule de nerfs et de mauvais esprit, prêt à tout pour arriver à ses fins. Se terminant en chansons (la BO est d'ailleurs très recommandable), Shrek est un spectacle à peu près familial et plutôt divertissant, qui n'atteint jamais le niveau des productions Pixar, mais pose des bases solides pour l'avenir des films d'animation Dreamworks.
5/10

PAS DE REPOS POUR LES BRAVES

Bienvenue dans l'univers d'Alain Guiraudie, cinéaste unique et indescriptible, adepte du western rural et onirique. Digressions, bizarreries et sauts du coq à l'âne sont au programme, dans un joli bazar pourtant très organisé. L'un des personnages principaux de Pas de repos pour les braves, son premier long métrage, est un jeune homme persuadé d'être touché par une malédiction : s'il dort encore une fois, il va mourir. C'est la malédiction de Faftao-Laoupo. Voilà. Des personnages aussi barrés, il y en a treize à la douzaine chez Guiraudie ; pour autant, son film n'a rien d'un bestiaire d'hurluberlus.
Intimiste mais grandiloquent, paisible et violent à la fois, Pas de repos pour les braves est un peu épuisant à force de partir dans tant de directions à la fois. Mais l'espèce de truculence jamais vue qui s'en dégage possède un parfum sacrément séduisant, faisant du film une révolution de poche dans le carcan auteuriste français. De Riault de Janeirault à Oncongue (on se demande bien où la SNCF a trouvé le thème de sa dernière campagne), villes du Sud légèrement remaniées, le cinéma ambulant d'Alain Guiraudie a de quoi séduire plus d'un curieux.
7/10

08 juillet 2007

OCEAN'S TWELVE

Après un casse aussi parfait que celui des trois casinos de Terry Benedict, nos onze compères (qui, comme les mousquetaires, sont douze, même s'il faudrait quand même recompter pour être sûr) s'ennuient. Dépensent leurs millions n'importe comment, se terrent dans leurs pavillons de banlieue en attendant que le ciel leur tombe sur la tête. C'est jusqtement ce qui va se produire, Benedict ayant retrouvé leur trace. Pour le rembourser et avoir de quoi lui payer quelques menus intérêts, ils vont devoir remettre la main à la pâte. Impossible de dire si c'est le scénario qui est bancal ou si ce sont simplement les personnages qui ne savent plus où donner de la tête, mais la première impression laissée par Ocean's twelve est celle d'un film instable, pas toujours intelligible, délibérément brouillon.
Il ne faut cependant qu'une poignée de minutes pour comprendre qu'on fait fausse route : le film est devenu une comédie pure et dure, un film de vacances entre potes avec mille digressions et mille et une vannes foireuses. On peut fuir à grandes enjambées devant un film en forme de private joke, ou s'y plonger pleinement et en apprécier chaque seconde. Dans ce deuxième cas, Ocean's twelve est un pur régal, allant toujours plus loin dans un n'importe quoi bizarrement maîtrisé. Il restera plus d'une part d'ombre dans le schéma final du cambriolage le plus tordu de l'Histoire, mais là n'est pas l'important : au gré de vraies scènes de comédie, on rit de bon coeur au contact de personnages moins sûrs d'eux qu'auparavant. C'est encore plus délicieux.
8/10

OCEAN'S ELEVEN

C'est beau, une équipe qui gagne. Dès le début d'Ocean's eleven, il est clair que nos onze héros vont réussir leur cambriolage, aussi fantaisiste soit-il, et s'en sortir sans trop d'encombres (juste assez pour tenir deux heures de film). De toute façon, l'important n'est pas là : Ocean's eleven, c'est d'abord un festival de classe. Un casting tiré à quatre épingles, une intrigue peaufinée de A à Z, et des tas de clins d'oeil : que demander de plus?
Divertissement imparable et classieux, Ocean's elevenparvient miraculeusement à faire cohabiter des tas de stars (Clooney, Pitt, Damon, Roberts, Garcia, n'en jetez plus) sans que cela ne sente jamais ni la compétition, ni le cabotinage. Sans doute parce que Soderbergh sait comme quiconque installer un climat de franche camaraderie entre ses acteurs. Sans doute aussi parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas besoin d'en faire des caisses pour être bien mis en valeur, la caméra de Steven S. s'en chargeant toute seule.
Il n'y a pas grand chose à reprocher à Ocean's eleven, si ce n'est justement sa trop grande perfection apparente : le film perd en décontraction ce qu'il gagne en rigueur. Le spectacle a beau être un peu guindé, il n'en reste pas moins délectable, surtout en sachant que l'on va bientôt retrouver ces personnages si attachants.
7/10

07 juillet 2007

HARRY POTTER ET LE PRISONNIER D'AZKABAN

Alors quasiment inconnu, Alfonso Cuarón fut le lapin sorti du chapeau Warner, le metteur en scène que l'on n'attendait pas, devançant in extremis une demi-douzaine de réalisateurs chevronnés. Une prise de risques qui porte ses fruits : Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est jusqu'ici le meilleur film de la série. Plusieurs faits expliquent cette réussite. D'abord la mise en scène du Mexicain, stylisée et efficace, brillant prélude aux Fils de l'homme. Ayant parfaitement saisi les enjeux de l'adaptation de Steve Kloves (fidèle scénariste des quatre premiers films, avant d'être brusquement débarqué), Cuarón livre un film étonnamment lisible. Les pièges étaient nombreux : le film est notamment construit autour d'une histoire complexe de voyage dans le temps, et plus d'un cinéaste s'y serait pris les pieds.
Mais la mise en scène de Cuarón n'aurait aucun intérêt si le fond du Prisonnier d'Azkaban n'était pas aussi intéressant. Les héros ont beau n'être encore que des ados, leur lent glissement vers l'âge adulte connaît ses premiers problèmes. L'histoire pose enfin de façon concrète les véritables enjeux de la suite et les drames personnels des personnages principaux (notamment la mort des parents de Harry, et le fait qu'Hermione soit une fille de Moldus), faisant des troubles de l'identité le sujet principal du film. Les personnages interprétés par Gary Oldman et David Thewlis sont parmi les plus intéressants de cette première partie de saga. Et malgré, une nouvelle fois, quelques longueurs (quasiment inévitables, en conséquence du style ampoulé de Rowling), Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est un parfait film de transition, conditionnant parfaitement le spectateur à vivre des heures de plus en plus noires dans l'école de Poudlard.
7/10

HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS

Avant que la Warner ne décide de confier chaque Harry Potter à un réalisateur différent, Chris Columbus a eu le temps de diriger les deux premiers. ce qui semble être un hasard tombe plutôt bien, puisque les deux premiers romans sont encore "tous publics", tandis que les suivants commencent à se corser sérieusement. En attendant, on prend les mêmes et on recommence : notons simplement l'arrivée de Kenneth Branagh en bemmâtre froussard. À part ça, Harry Potter et la chambre des secrets reprend exactement la même construction : intro potache et rigolote, (re)découverte de Poudlard, cours plus ou moins passionnants, élément perturbateur inquiétant (mais pas effrayant pour deux sous)...
Difficile de dire si cet épisode est meilleur ou moins bon que le précédent, tant les deux films semblent proches. L'intérêt principal de La chambre des secrets est surtout de consolider l'attachement du spectateur pour les personnages, et de lui faire trouver sa place dans un univers qui va considérablement s'assombrir dès l'aventure suivante...
6/10

HARRY POTTER À L'ÉCOLE DES SORCIERS

À la lumière de ce qu'on a pu en voir depuis, la saga Harry Potter n'est pas franchement pour les enfants. Les morts violentes s'y succèdent de manière plus en plus fréquente, les enjeux sont complexes, la douleur latente. On ne s'en serait guère douté à la vue de ce Harry Potter et l'école des sorciers, première visite à l'école de magie de Poudlard.
Devant la caméra de Chris Columbus, L'école des sorciers est une aventure féérique et rigolote, dans laquelle des gamins futés tiennent la dragée haute à des adultes un peu bornés (finalement, le même schéma que Maman j'ai raté l'avion, du même Columbus).
Le charme du film vient du fait que Columbus assume parfaitement le côté "film pour enfants", alors que JK Rowling avait d'ores et déjà annoncé que son aventure en sept volumes avait une ambition toute autre. Un peu long pour un film de ce type (plus de 2h20), Harry Potter et l'école des sorciers souffre de vraies longueurs, même si au final rien ne semble vraiment inutile. Ni l'exposition des personnages et des situations (il faut bien ça pour rendre l'heptalogie compréhensible), ni les multiples mésaventures du légendaire trio Harry / Ron / Hermione. Avec leurs bouilles de bébés, ils ne se démontent pas face aux monuments que sont Alan Rickman ou Robbie Coltrane (Hagrid, le nounors idéal). Malgré son suspense un peu mou, Harry Potter et l'école des sorciers remplit plutôt bien son contrat : séduire un large public, donner envie aux novices de découvrir les romans de Rowling, et attendre avec impatience les six épisodes à venir. Fallait le faire.
6/10

03 juillet 2007

Le retour

Parce que Rob Gordon a (malgré tout) une vie en dehors des films, il a négligé cette page pendant six longues semaines. Dès les prochains jours, il compte bien se rattraper, avec un demi-milliard de critiques en retard. Pour bien commencer juillet...