30 août 2005

ET L'HOMME CRÉA LA FEMME

Dans la série "Mon père achète tout et n'importe quoi sous prétexte qu'il y a la Kidman dedans":

Voilà un film qui mérite d'être vu. C'est une chose tellement inepte de bout en bout qu'elle en est presque fascinante. Le "scénar" a épuisé toutes ses cartouches au bout de vingt minutes. Les acteurs (Bette Midler, Glenn Close et Chris Walken en tête) donnent une dimension nouvelle au mot cabotinage. Au début, les tentatives d'humour tombent à plat (dont des parodies particulièrement ratées de jeux télévisés comme L'île de la tentation). Ensuite, pour éviter de s'enfoncer encore un peu plus dans le marécage sinistre de la non-drôlerie, Oz ne tente même plus de faire rire. Il enchaîne les plans n'importe comment en les faisant durer assez longtemps pour atteindre les 80 minutes de film. Film qui permet à Nicole Kidman d'ajouter trois nouvelles coupes de cheveux à sa panoplie de Barbie glaciale. On passera sur la misogynie ambiante et sur la morale cucul-la-praline, qui affirme, tenez-vous bien, que la perfection, ce n'est pas la vie. Tiens donc?

10 août 2005

WONDER BOYS

Oui, on peut ne rien aimer dans la filmographie de Curtis Hanson. Mais, de L.A. Confidential à 8 mile, en passant par La main sur le berceau, on ne peut nier son éclectisme et son refus de toute redite. Preuve en est faite une fois de plus avec ce Wonder boys. Les affres de la création, la middle life crisis, l'angoisse de la page blanche : autant de sujets qui donnent souvent de jolies choses à l'écran. Et malgré un rythme cotonneux et léthargique (on pourra toujours essayer de se convaincre que c'est volontaire), Hanson ne rate pas son coup. Parce que Michael Douglas se trouve là où on ne l'attend pas (c'est-à-dire bien loin de ses éternels rôles de pourriture assoiffée de pouvoir et de sexe). Parce que Robert Downey Jr. est un acteur de génie. Parce que Frances McDormand n'est pas mal non plus. Hanson s'attache aux incidents de parcours, aussi bien ceux qui se déroulent dans la tête des protagonistes (tous sacrément à l'ouest) que ceux qui s'offrent réellement à eux (une dépouille de chien, une veste ayant appartenu à Marilyn, de la codéine...). C'est donc à la fois divertissant et intelligent. La première demi-heure est la moins appréciable, mais ensuite l'intérêt est croissant, jusqu'à une conclusion un peu trop expéditive et carrée. Un point noir pour conclure : Tobey Maguire n'est vraiment pas un bon acteur. Il gâche ici un fort joli personnage et plombe sacrément le début du film. Et Katie Holmes n'est toujours pas sortie du corps de la Joey de Dawson : elle fait acte de présence, un point c'est tout. Détails finalement négligeables par rapport à la qualité générale du film, qui passe cependant à côté du titre de grand film comateux.

09 août 2005

SIDEWAYS


Un nouvel itinéraire bis vient de s'ajouter au réseau routier de la mélancolie : Sideways emmène le spectateur au pays du spleen, par le biais de chemins de traverse. Qu'on ne s'y trompe pas : derrière l'apparent duo comique formé par les deux héros, se cache surtout le constat le plus désabusé et déprimant qui soit. Ainsi donc, l'être humain est une petite chose fragile et idiote, dépourvue de toute dignité. Ce n'est pas nouveau, mais à chaque fois qu'on le constate, ça enfonce encore un peu plus le couteau dans une plaie déjà béante. Rire n'est pas interdit (c'est même inévitable), mais le rire sert ici à masquer amèrement les sanglots de désespoir face à une vie dégueulasse, harassante et complètement injuste. Il est des moments de grâce et de flottement intérieur qui font que la réalisation ou l'interprétation importent peu. Sideways est de ceux-là. Cent vingt quatre minutes de concision, de non-dits (malgré l'éxubérance de certains protagonistes), de nausée. Aussi pathétique qu'une soirée en solitaire dans un piano-bar, Sideways n'est pas vraiment un film qui redonne foi en la vie, cette infâme mixture contenant 5% de pépites de chocolat et tout le reste de mélasse.
On n'échappera pas à la sempiternelle métaphore vinicole : Sideways est un sacré bon pinard, à boire en comité restreint et en silence.

WOODY ET LES ROBOTS

Oui, bon, le titre français est à chier. Mais passons.
Woody et les robots (j'arrive pas à m'y faire) est, au niveau du ton, un intermédiaire entre l'anachroniquement déjanté (à la Guerre et amour) et le comico-sentimentalo-burlesquo-allenien de qualité (la grande majorité de ses films entre 1975 et 1998).
Il y a des trucs foireux et d'autres carrément géniaux. C'était à l'époque où Woody pensait qu'il lui fallait faire des grimaces pour faire rire, ce qui nous vaut quelques scènes fort ridicules de non-drôlerie. Mais on sent pointer les répliques cinglantes et les angoisses qui feront son succès plus tard.
Le film est également à voir pour un gag hilarant tellement il est mal exécuté. Woody tente de faire un gâteau instantané, mais comme il met beaucoup trop de poudre, le gâteau enfle encore et encore, et s'étend jusqu'au sol. Au début, on voit donc un truc gonfler, grâce à un technicien-chimiste plutôt doué. Mais ensuite, quand le gâteau est devenu énorme est incontrôlable, on voit sans effort qu'il s'agit alors d'une sorte de gros pouf avec un type dedans pour le faire bouger. C'est complètement ridicule, et très réjouissant aussi, d'autant que la caméra s'attarde assez longtemps sur ce gag.
Mais bref, ce Woody contient assez de répliques vachardes, d'idées brillantes (presque visionnaires dans leur approche du XXIIème siècle) (si si, vous verrez) et de moments vraiment drôles pour mériter d'être vu.

08 août 2005

LE JOUR DES MORTS-VIVANTS

Le plus austère, c'est sans doute Le jour des morts-vivants : un huis-clos sordide où la bêtise et la méchanceté humaine sont au centre de tout. Moins spectaculaire, mais finalement aussi intéressant, car on y découvre avec effarement l'évolution des morts-vivants : de stupéfiantes facultés d'apprentissage, qui font une excellente introduction au futur Territoire des morts. La transformation s'opère également dans la vision de Romero : pour la première fois, un zombie est un personnage à part entière, et plus un simple tas de chair à décapiter.

ZOMBIE

Celui qu'on apprécie le plus aisément, c'est Zombie : c'est LE film de mort-vivant tel que le spectateur lambda l'attend. Jouissif, acide, futé, il tient au corps et allie brillamment malaise zombiesque et sous-texte anti société de consommation. Remanié en 2004 Par Zack Snyder, ça a donné l'excellent L'armée des morts, plus oppressant mais peut-être moins intelligent finalement.

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS

La nuit des morts-vivants est surtout intéressant car il semble avoir posé les bases du film de zombie (soyons francs : j'ignore si c'est Romero qui a créé le personnage du mort-vivant ou si cela date d'une époque antérieure). Amateurisme et tâtonnements n'empêchent pas le film de creuser son sillon et de donner envie de se ruer sur la suite comme un mort de faim.

EXILS

En 1993, après avoir un peu erré au gré d'une carrière cinématographique assez médiocre, Tony Gatlif a réalisé Latcho drom. Depuis, à intervalles réguliers, il livre un film-voyage toujours "construit" sur le même mode : errances, rencontres, musique. Avec le plus souvent possible Romain Duris. Exils, c'est donc un mix entre Gadjo Dilo et Latcho drom, version algérienne. Pour peu qu'on ait aimé les précédents, on pourra aimer ce film pas spécialement désagréable. Sinon, on est en droit de taper du pied en attendant que ça passe. Car Exils est peut-être le plus anecdotique de tous. Mise à part une scène de transe à la fin (et encore, bien trop longue), il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. A se demander si finalement l'horripilante Rona Hartner n'amenait pas quelque chose de bon dans ses précédents films. Ici, Lubna Azabal est très bien, mais peut-être un peu transparence par rapport à Hartner. Le plus amusant ici, c'est de se demander pourquoi diable Tarantino et son jury ont remis le prix de la mise en scène à Gatlif l'an passé. Car s'il y avait bien dans la sélection un film pas 'mis-en-scène', mais juste filmé comme il vient, c'est celui-là.

07 août 2005

STARSKY & HUTCH

Quand le réalisateur mollasson mais rigolo de Road Trip et Retour à la fac s'attaque aux flics un peu vengeurs et rêveurs mais qui gagnent toujours à la fin, on a peur. Quand on apprend qu'il a engagé pour celà Owen Wilson et Ben Stiller dans les rôles-titres, et Vince Vaughn, Will Ferrell et compagnie dans les seconds rôles, on sait que c'est tout gagné. Car mettez cette bande de joyeux lurons dans une pièce vide, filmez pendant 2 heures, et vous obtiendrez à coup sûr un truc très rigolo. Une fois encore c'est le Stiller show : l'acteur le plus maso du monde (il est en passe de surpasser Mel Gibson) met de la coke dans son café, grimpe sur Owen Wilson pour exciter un taulard (Ferrell, hilarant), abat un poney, se déguise en mime... Résultat : les vrais fans de la série resteront un peu sur leur faim (on est clairement plus dans la comédie pure que dans le policier comique), mais les fans de Stiller & Wilson (et il y en a un paquet) seront ravis. Na na na na na na.

06 août 2005

LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME

Quand est-ce que Score fait un article "critiquer les films auxquels on n'a rien compris (et un peu chiants, aussi)"? Parce que là, j'en ai sérieusement besoin. La femme est l'avenir de l'homme est certainement un film très bien, variation autour de deux amis qui retrouvent la fille qu'ils ont aimée. Par petites touches, Hong Sang-Soo parle d'amour, de sexe, de confiance... Bon, j'arrête. Je n'ai presque rien compris au film, en voici quelques raisons:
- j'ai réalisé trop tard qu'il y avait des flashbacks ;
- j'ai eu du mal à différencier les personnages (que celui à qui ça n'est jamais arrivé me jette la première pierre) ;
- c'est un peu chiant même pour les gens qui comprennent tout, non?
Bref, loin de moi l'idée que c'est un film nul. Je suis juste totalement passé à côté. Pardon, Sang-Soo (ah oui, si vous n'étiez pas au courant, dans les noms coréens, le prénom, c'est le truc avec un tiret et qui se trouve APRÈS le nom).

03 août 2005

LA COURSE À LA MORT DE L'AN 2000

Produit par Roger Corman, un film assez barré qui devait sembler bien subversif il y a 30 ans. Il a eu depuis une carrière très confidentielle (mais très culte pour ceux qui le connaissent). Comme souvent dans les objets de culte, sa réputation est assez galvaudée. L'histoire : en l'an 2000, pendant la "journée annuelle de l'euthanasie", une course à la sauce "fous du volant" (vous savez, Satanas, Diabolo et compagnie) à travers les Etats-Unis, où il faut non seulement arriver le premier, mais également écraser le plus de personnes possibles (avec un barème bien précis : jackpot pour une personne âgée ou un bébé, bonus de points pour une femme...). Tous les coups sont permis. Parmi les concurrents : Frankenstein (David Carradine), Néron... et un personnage pas gentil joué par Stallone en personne. Le problème, c'est qu'à cette intrigue assez réjouissante se greffe un propos quasi politique avec militants écologistes qui se rebellent et projet d'attentat contre le président. ce qui alourdit un film dont la légèreté aurait été un atout sérieux. Résultat : on ne va pas assez loin dans le délire, et demeure une impression de frustration en pensant au monument de délire scénaristique auquel on aurait pu (dû) assister.

01 août 2005

TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LE SEXE... SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER

Quand il était jeune, Woody faisait des films qui ressemblaient plus à du Mel Brooks mâtiné de Monty Python qu'au Woody Allen des nineties. Parfois réussi (Guerre et amour, Prends l'oseille et tire-toi), parfois moyen (Bananas), ou complètement raté. C'est malheureusement le cas de ce film qui est surtout célèbre pour son long titre. S'inspirant d'un manuel relativement sérieux de vulgarisation des sujets liés au sexe, il livre un film à sketches d'une trivialité rare, à des lieux de la finesse de ses grands films. Exemple : le sketch La sodomie, qu'est-ce que c'est?, raconte l'histoire d'un psy qui tombe amoureux d'une chèvre. C'est non seulement trivial et sans intérêt, mais également très ennuyeux. A sauver : une ou deux répliques qui fleuraient déjà bon le grand Woody, et le septième et dernier sketch, Que se passe-t-il pendant l'éjaculation?, qui montre (à la manière des pubs Ricqlès) ce qui se passe pendant l'amour du point de vue de l'intérieur du corps d'un homme. Assez rigolo, par rapport au reste.

GHOST WORLD

Ghost world, c'est un concetré de "spleen douillet" (une expression que j'aime vachement mais qui n'est malheureusement pas de moi).
Un film bizarroïde, encore plus que la pas mauvaise bédée de Daniel Clowes.
Des personnages marginaux et décalés, mais pas de ceux qu'on croise d'habitude. Nan, des vieux garçons qui collectionnent les 78 tours, un vieux monsieur qui attend un bus depuis 2 ans, un beauf adepte du nunchaku... et Erin et Rebecca, deux teenageuses qui se situent bien loin de la représentation qui en a été faite dans les 1497 teen movies sortis ces 5 dernières années.
On danse sur une musique rétro étrangement envoûtante, on porte un masque en cuir, on répond pour rire à des petites annonces matrimoniales, on fait des croquis dans un carnet, on fait semblant de faire de l'art, on récite des parfums de yaourt glacé, on fait les brocantes, on cherche un appart et un job...
Ghost World n'est pas un film qui se raconte, il se vit et s'apprécie. C'est drôle et triste à la fois, et il est légitime d'en ressortir avec le cafard tout en ayant le sourire aux lèvres. Bizarre, je vous dis.