28 février 2006

GLENGARRY

À la base, Glengarry Glen Ross est une pièce de théâtre de David Mamet, qui reçut le prix Pulitzer dans les années 80. Adapté à l'écran par James Foley, auréolé de la réputation (trop) flatteuse de son Comme un chien enragé, Glengarry est en tout cas un film ennuyeux, du théâtre filmé très pompeux et sans grand intérêt malgré son impressionnant casting. Le film décrit les réactions diverses d'un groupe de VRP en terrains à construire confrontés à un curieux challenge. Ils ont 48 heures pour vendre le plus de terrains possibles : les deux premiers seront récompensés (une bagnole et quelques bubuses), les autres seront purement et simplement virés. Mamet fait dans la psychologie rigide et froide, un peu comme dans certains de ses propres films. Ça aurait peut-être pu faire un film intéressant, mais on reste largement à l'extérieur du film, absolument pas concerné par le destin de ces représentants fort peu sympathiques. Et qu'ils aient les traits de Jack Lemmon, Al Pacino, Ed Harris, Kevin Spacey et Alec Baldwin ne change rien à notre
ennui.
2/10

27 février 2006

CALVAIRE

Chanteur ringard, Marc Stevens promène sa camionnette entre maisons de retraite et salles des fêtes et s'attire les fantasmes des vieilles dames. Jusqu'au jour où, tombant en panne en pleine cambrousse, il se retrouve hébergé pour la nuit par Bartel, aubergiste solitaire. Bientôt, Bartel croit reconnaître en Stevens sa femme Gloria, qui l'a quitté il y a belle lurette, et le cauchemar commence. Sauf que Calvaire n'est pas le bête film d'horreur que l'on pense. Le néophyte belge Fabrice du Welz prend son temps, évite les effets faciles et livre un drame sanglant plus flippant que bien des slashers. Presque sympathique, forcément un peu pathétique, le geolier est le personnage le plus réussi du film. Il doit beaucoup à son interprète, Jackie Berroyer, géniale idée de casting. Paradoxalement, Laurent Lucas (habituellement le-meilleur-acteur-français-de-France) semble un peu en dedans, étouffé par un rôle vraiment difficile. Et de scènes violemment drôles en moments surréalistes (une danse de culs terreux dans un bar, lien direct avec le cinéma de Romero), du Welz impose un style qui en agacera certains mais ne manquera pas de séduire les autres. Il est extrêmement difficile de contrôler un film comme celui-ci jusqu'à la fin, de ménager la chèvre et le chou sans tomber dans le grand-guignol ou la morbisité contemplative. Le pari est pourtant réussi. Sacrément réussi.
9/10

FRIDAY NIGHT LIGHTS

Ne fuyez pas (en tout cas pas tout de suite) : Friday night lights n'est pas un banal film de football américain. Non, si le film suit bel et bien une équipe de foot US de l'Ouest du Texas, c'est pour mieux stigmatiser le bouillonnement intégriste créé par toute une petite ville dont c'est le seul coin de ciel bleu. Tout le monde met la pression sur ces pauvres jeunes footballeurs, complètement déboussolés sous leurs gros casques. Plus que l'envie de gagner à tout prix, c'est la peur de perdre et de subir quasiment un lynchage en règle qui les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes. Ce que montre très bien le début du film. Hélas, cédant trop vite à la tentation du grand spectacle, Peter Berg finit par oublier son sujet de départ et livre un film de sport lambda, pas dégueu mais pas fantastique, qui se termine dans un grand coulis de guimauve sportive. Dommage : le fanatisme sportif a failli avoir son film de référence.
5/10

18 février 2006

DELLAMORTE DELLAMORE

Francesco Dellamorte est gardien de cimetière. La nuit, il est contraint de fracasser le crâne des morts qui se réveillent. Mais bientôt, Dellamorte tombe amoureux d'une jeune veuve. Qui meurt à son tour... Dellamorte Dellamore n'est pas tout à fait la romance funèbre annoncée, mais plutôt le portrait d'un homme qui vit par l'intermédiaire des morts... Sordide, repoussant mais finalement attractif, Dellamorte Dellamore est un film bis bien différent de tout ce qu'on a pu voir dans le genre. Non seulement par son drôle de sujet, mais également par son casting improbable : le tandem Rupert Everett & François Hadji-Lazaro est assez surprenant. Si Michele Soavi ne va pas assez loin dans le délire (on imagine ce qu'aurait fait le Sam Raimi d'Evil dead), le film est un excellent voyage dans un monde parallèle bizarrement attirant, celui de nos chers défunts.
6/10

LES MAUVAIS JOUEURS

Voilà un premier film, français, bien écrit, bien réalisé, bien joué. Les mauvaises langues diront que c'est rarissime ; laissons-les éructer et contentons-nous de chanter notre joie, mes frères. Il y avait de grandes chances pour que Les mauvais joueurs soit raté : ça sent le film communautaire, une sorte de Vérité si je mens! version arménienne et dramatique, un drame sordide sur la misère des pauvres petits travailleurs clandestins (qui certes ne sont pas vernis, mais dont la vision cinématographique est franchement rengaine). Pourtant, ça fonctionne. Frédéric Balekdjian tisse patiemment une trame polardeuse autour de deux communautés : les Arméniens, installés depuis longtemps, et contraints de vivre de combines pour compenser l'insuccès des magasins de tissus, et les Chinois, clandestins ou pas, contraints de bosser comme des dératés pour s'en sortir. On n'assiste pas à un affrontement des uns contre les autres, et c'est une sacrée bonne idée. Balekdjian prône le rapprochement et la tolérance, et si tôt ou tard des clans finiront bien par se créer, ils ne dépendront pas de la couleur de peau. La lente montée en tension est très séduisante : Balekdjian a le talent nécessaire pour donner de l'intérêt à une partie (forcément truquée) de bonneteau ou un match de baby-foot, le genre de trucs déjà vus ailleurs et potentiellement plombants. À la tête du film, Pascal Elbé révèle un vrai tempérament d'acteur dramatique, et tient la dragée haute à des acteurs aussi doués que Simon Abkarian. Tendu, haletant, humide et sanguinolent, Les mauvais joueurs est une belle réussite. Seule (toute petite) réserve : 77 minutes, c'est un tout petit peu insuffisant pour remplir un estomac. Mais mieux vaut faire court que diluer pour faire un film plus long.
8/10

17 février 2006

JE NE SUIS PAS LÀ POUR ÊTRE AIMÉ

Jean-Claude est huissier de justice, divorcé, solitaire, flanqué d'un fils déjà vieux et d'un père teigneux en maison de retraite. Mais derrière son oeil vitreux, Jean-Claude a envie d'autre chose. Allez hop, leçons de tango. De quoi révolutionner une vie (rires nerveux). Là, Jean-Claude rencontre Françoise, jeune femme qui s'apprête à se marier...
Note à l'attention du lecteur : ne voyez aucune espèce de suspense ou de soudaineté dans les points de suspension placés en fin de phrase précédente. Derrière ses bonnes intentions, Je ne suis pas là pour être aimé est un film qui sent le renfermé, un film qu'on croirait réalisé par un octogénaire dépressif pour les octogénaires dépressifs. On sent que Stéphane Brizé s'est bien appliqué pour écrire chaque ligne de son scénario : sur le papier, les scènes entre Jean-Claude et son père sont d'une cruauté innommable et inhabituelle, mais à l'image elles prennent un aspect totalement artificiel et forcé (on sent que Brizé s'est dit "tiens, je vais écrire une scène cruelle pour impressionner les spectateurs"). De même avec un paquet d'autres scènes, faites pour décoller mais qui se crashent platement. Côté comédiens, Patrick Chesnais excelle dans un rôle taillé sur mesure (on sent que c'était Bacri ou lui). Face à lui, la prestation d'Anne Consigny laisse sceptique : on ne voit pas le personnage mais bel et bien une actrice qui peine à articuler car elle a la bouche sèche. On la sent concentrée mais pas à l'aise, à l'image d'un réalisateur vraiment laborieux. Le bleu des villes, son premier long, renfermait les mêmes défauts, et racontait d'ailleurs la même histoire (sauf que c'était une contractuelle qui faisait du karaoké). Le problème, c'est que les gens ont l'air d'aimer ça. Pauvres vieux.
3/10

DOUCHES FROIDES

Une grosse compète de judo approche et Michaël doit perdre 7 kilos. On n'est pas pour autant dans un film de sport pour teenagers. Douches froides, ce n'est pas du Ron Shelton. Parce que le principal problème de Mickaël, c'est qu'une force étrange le pousse à partager sa petite amie Vanessa avec Clément, son nouveau partenaire d'entrainement. Il y a des choses (et en l'occurrence des gens) qui ne se prêtent pas. Mais Mickaël n'en a cure. Absence totale d'explications psychologiques, refus de toute surenchère dans la dramatisation : le premier film d'Antony Cordier fait preuve d'une belle maturité. Une histoire troublante dont on craint un instant qu'elle dérive vers un simple (et tellement à la mode) éloge du triolisme. Et puis non. Cordier préfère se focaliser sur les colères intérieures, la haine de soi-même. Et la perte de poids de Mickaël peut être alors perçue comme un désir de maigrir jusqu'à dispraître de la surface du monde. Joliment filmé, brillamment interprété (Salomé Stévenin n'est pas la moins douée de la famille), Douches froides fait partie de ces films qui peuvent relancer le cinéma d'auteur français sans lui donner pour autant de relents intello-chiants.
8/10

16 février 2006

THE BOXER

À l'époque de The boxer, on avait un peu l'impression que Jim Sheridan allait faire et refaire le même film encore et encore. The boxer ressemble à un dérivé d'Au nom du père, en moins émouvant, moins captivant, moins frappant (ce qui est très bête vu son titre). Il est très honorable de vouloir dénoncer la stupidité de la guerre civile et les horreurs perpétrées par l'IRA et compagnie. Seulement voilà : quand le propos se fait trop démonstratif, quand même les histoires d'amour sentent le réchauffé, quand on sent venir la scène suivante dix minutes avant, c'est que le film n'est pas bon. C'est toujours un plaisir de suivre Daniel Day-Lewis, qu'on a cependant connu plus inspiré ailleurs. Tout cela n'est pas totalement mauvais. C'est juste que The boxer aurait pu s'appeler Déjà vu (en mieux).
6/10

LUCIA Y EL SEXO

Bienvenue au pays du désir. Ou comment Lucia, qui vient d'apprendre la mort de son grand Amour, se remémorre leur vie passée, leurs fantasmes partagés et leur sexualité débridée. Démonstratif, le film n'hésite pas à filmer des queues, des positions déconseillées aux moins de 18 ans et des séances de masturbation. Pourtant, Lucia y el sexo n'a rien d'un film obscène. Julio Medem parvient à créer un vrai trouble chez le spectateur. Un trouble qui n'est pas tout à fait de l'excitation. Medem livre un patchwork des sens vraiment attirant. Ça fait penser à du Lelouch, mais en bien : hasards, coincidences, magie de l'amour... Cependant, le cocktail fonctionne moins bien que dans Les amants du cercle polaire. On y retrouve les mêmes recettes, mais tout de même moins digestes (surtout en fin de parcours). Dans le rôle-titre, Paz Vega irradie le spectateur, plein de désir et d'admiration pour une actrice qui se donne à 100%.
6/10

LIGNES DE VIE

Partant du principe qu'une adaptation de John Irving ("Une veuve de papier") ne peut pas être totalement mauvaise, on devrait entrer confiant dans ces Lignes de vie. Seulement voilà : le réalisateur Tod Williams étant un néophyte, et le film inédit sur nos écrans, il y avait de quoi trembler. Soyons rassurés : Lignes de vie est un film impeccable et intense, possédant sa propre identité tout en assumant parfaitement ses grosses influences irvingiennes. Le film suit un couple détruit (Jeff Bridges et Kim Basinger) qui accueille pour l'été un ado coincé qui souhaite devenir écrivain comme monsieur. Premiers émois amoureux, affres de la création, pouvoir du souvenir : le film de Williams brasse des thèmes forts avec une aisance vraiment confondante. D'où un film bouleversant et délicat, magnifiquement mis en images, qui émeut et brise le coeur à la fois. Dans le rôle principal, Jeff Bridges montre que la soixantaine lui réussit très bien. Le meilleur acteur du monde a de beaux jours devant lui.
8/10

13 février 2006

SOLARIS

Les puristes feront la moue devant ce remake (aargh!) par Steven Soderbergh (iiiiiirk!) d'un film de Tarkovski (sacrilège! on ne touche pas au maître!). Et pourtant... S'il est effectivement difficile de comparer les deux films, foncièrement différents malgré leur histoire commune (déjà, l'original dure une heure de plus que le remake), force est de constater que le Solaris de Soderbergh est un excellent film. D'une tristesse à couper au couteau, le film pose des questions déchirantes concernant le deuil, la paternité, le regret. Dans des décors sublimissimes (rarement vu une station spatiale aussi bien filmée depuis un certain 2001), Soderbergh offre un film qui flirte avec la science-fiction sans jamais y plonger (pas de disruption du moteur bi-temporel ni de trou noir intergalactique) : ici, les seules tempêtes de météorites ont lieu sous les crânes. On a rarement vu une histoire d'amour aussi belle. Une photo aussi émouvante (grâce soit rendue à Steven Soderbergh, directeur de la photo caché sous un pseudo). Un Clooney aussi bon. Une grosse claque spatiale.
9/10

10 février 2006

LES CORPS IMPATIENTS

Paul et Charlotte s'aiment. Le jour où Charlotte apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, Paul rencontre une amie de Charlotte, Ninon. Malgré la maladie de Charlotte (ou à cause?), Paul et Ninon tombent amoureux. Un amour dévorant et sauvage. Et la naissance du style Giannoli, qu'on retrouvera ensuite dans Une aventure. Un style tout en mouvement, au ton tragique, qui unit les corps et sépare les coeurs. Giannoli révèle un vrai talent dans la direction d'acteurs. Il révèle Laura Smet (qui n'était alors connue que pourses parents célèbres), consacre Marie Denarnaud, magnifique, et confirme Nicolas Duvauchelle, qui trouve enfin un rôle à sa mesure. On peut être déçu par le développement de l'histoire (notamment la dernière partie, un brin artificielle), mais l'esprit est là, beau et chavirant. Il y a une touche Giannoli. Reste à trouver des sujets qui soient non seulement forts au début, mais qui gardent une vraie intensité tout du long.
6/10

08 février 2006

SESSION 9

Une équipe d'ouvriers est engagée pour rénover un ancien hôpital psychiatrique et le désamianter. Huit jours pour faire un boulot qui devrait prendre trois semaines, c'est ce qu'on appelle la loi du marché. La pression est là, sur les épaules. Peu à peu, le malaise s'installe : chacun a ses petits problèmes personnels, le boulot n'avance pas comme il devrait, et l'âme du bâtiment se fait ressentir. Bienvenue dans le crâne de Brad Anderson. Précédé d'une solide réputation, Session 9 est construit sur le même modèle que The machinist, du même Anderson : mêmes personnages hantés par leur passé, même ambiance fascinante, même frontière trouble entre réalisme et fantastique... et même dénouement décevant. Car si Anderson n'a pas son pareil pour diriger des acteurs (Peter Mullan & David Caruso) et installer une vraie ambiance, il semble avoir plus de problèmes avec les scéarii (celui de Session 9 est son oeuvre, pas celui de The machinist, mais le résultat est le même). Et ce qui scotche au début finit par révéler sa vacuité. Au final, si Session 9 semble moins bon que The machinist, ça tient juste à un post-it sur le frigo et à un Christian Bale. Mais si Anderson affûte son écriture, nul doute que de sa plume jailliront bientôt des merveilles.
5/10

07 février 2006

GUERRE ET AMOUR

Voici un Woody de la première époque, celle où le cinéaste jouait la carte du non-sens et de l'absurde, pour faire rire à tout prix. Un gag toutes les trois secondes, du très drôle au très sinistre, pour parodier les grands romans russes de Tolstoï, Dostoievski et compagnie. Ce n'est pas toujours de la plus grande finesse, certaines scènes sont de grands moments de solitude, mais Woody Allen fait preuve d'une énergie débordante et d'une imagination débridée. À ses côtés, Diane Keaton révélait un vrai tempérament d'actrice comique. Si le film s'essouffle sur la fin, Guerre et amour est tout de même un excellent moment à savourer avec du caviar et de la Zubrowska (ou pas).
7/10

MEXICAN KIDS (TEMPORADA DE PATOS)

Décidément, les gamins mexicains s'ennuient ferme. Après l'excellent Y tu mama tambien, voici Temporada de patos (bêtement rebaptisé Mexican kids pour la sortie DVD). Ça veut dire "La saison des canards", si j'ai bien compris (j'ai fait allemand première langue, désolé). Ce qui colle bien avec le côté décalé du film. Noir et blanc, longs plans contemplatifs, humour à froid : on pense parfois à un Jarmusch (sans que le film n'atteigne jamais le niveau du grand Jim). Deux gamins passent leur dimanche tous seuls, avec du Coca, une XBox, et (normalement) des pizzas. Mais un livreur têtu, une panne de courant, une voisine pas douée pour la cuisine et un tableau représentant des canards vont leur faire passer une journée des plus originales. Ça donne lieu à des scènes vraiment singulières et drôles, pleines de questions pas existentielles mais fascinantes quand même. S'il y a des longueurs par endroits, il faut reconnaître à Fernando Eimbcke un certain talent pour représenter l'ennui à l'écran sans trop faire bailler le spectateur. Le cinéma mexicain regorge de talents. Fernando Eimbcke n'est sans doute pas le plus doué, mais il n'est absolument pas manchot (ni canard, ha ha).
6/10

05 février 2006

TROUBLE JEU

Régulièrement sort un film fantastique foireux fait par des gens persuadés que ce qu'ils font là est génialissime et jamais vu. En général, le résultat est moche, ennuyeux et grand-guignolesque. Et depuis quelques années, il y a forcément Robert de Niro là-dedans (rappelez-vous du fabuleusement mauvais Godsend). Alors voilà, Trouble jeu n'échappe pas à la règle. De Niro aussi mauvais que dans ses dix derniers films, Dakota Faning agaçante, fin ridicule... Il n'y a pas grand chose à ajouter. Il faudrait simplement que les gens cessent d'aller voir de tels trucs le samedi soir. Au bout d'un moment, les producteurs comprendraient peut-être qu'ils doivent arrêter de faire de la merde.
1/10

04 février 2006

LA CHUTE

On a beaucoup glosé autour de La chute. Peut-on représenter un dictateur comme Hitler sous un jour humain? N'est-ce pas minimiser les actions innommables d'un tel criminel? Et si La chute était un hommage voilé faisant de Hitler un héros déchu? À moins d'avoir été totalement manipulé par le film de Hirschbiegel, on répondra par la négative à toutes ces questions. La chute n'est ni l'éloge ni le procès de Hitler : le film suit simplement un dictateur en fin de règne. Un type paumé, colérique mais avec une part d'humanité quand même (toute petite, mais bien présente) : sa relation avec sa secrétaire montre un homme qui n'a pas oublié d'être un homme. C'est peut-être le danger du film : par moments, on oublierait presque face à qui on se trouve. N'empêche que sous l'uniforme, Bruno Ganz livre une prestation mémorable. Quelques scènes vraiment marquantes emportent le morceau. Reste que le message est assez difficile à cerner. Peut-être n'y en a-t-il pas. Tant mieux ou tant pis? On ne sait pas. On s'en fout.
7/10