30 juillet 2006

THE MATADOR - MÊME LES TUEURS ONT BESOIN D'AMIS

Avec un titre français pareil, il était permis de craindre le pire. Pourtant, les premières minutes annoncent un film décalé et différent, loin des sentiers battus. Le film raconte la rencontre d'un tueur à gages fatigué et d'un mari modèle qui s'ennuie : on pourrait s'attendre à ce que l'un initie le second à l'art de tuer tandis que le second rend le premier plus humain. C'est un petit peu ce qui se passe. Mais pas tout à fait quand même : pour ne surtout pas faire comme les autres, le réalisateur Richard Shepard insère du décalage partout et tout le temps, comme si ça justifiait l'inanité totale de son scénario. C'est farfelu pour rien, et c'en est déprimant.
Il y avait pourtant du potentiel dans le duo Kinnear - Brosnan. Le premier excelle à jouer les gens normaux, et le voir péter légèrement les plombs est un délice. Quant au deuxième, à mille lieues du costume de 007, il endosse son nouveau rôle avec jubilation. La seule scène où il déambule en slips et bottes dans le hall d'un hôtel suffit à justifier le fait de s'infliger ce machin pas très drôle ni même bien filmé qui fout le bourdon alors qu'il aurait dû faire rire aux éclats.
2/10

23 juillet 2006

L'ANNULAIRE

Alors qu'elle travaille dans une usine de limonade, Iris se coupe l'annulaire et décide de changer de job. Elle atterrit (ou plutôt amerrit) dans le cabinet d'un étrange docteur dont le laboratoire sert à créer des specimens, sortes de tubes à essais gardant à jamais un morceau de vie...
Difficilement racontable, L'annulaire est un film qui fait naître de drôles de sensations, qui pourront être captées par certains et laisser les autres totalement froids. Le film montre la relation bizarroïde, entre désir et servitude, qui se noue entre Iris et l'homme du laboratoire. Sans jamais verser dans le fantastique, le film s'en approche pourtant de tout près, par l'intermédiaire d'une paire de chaussures exercant une sorte de possession hypnotique sur la jeune femme.
Transcendé par l'interprétation de la magnifique Olga Kurylenko et de l'inquiétant Marc Barbé, L'annulaire est le genre de film qu'on se serait plutôt attendu à nous voir arriver d'Asie (et pas seulement parce qu'il est adapté d'un roman asiatique). Moite et déconcertant, il laisse dans l'esprit une sorte de gène délicieuse et d'envoûtement intense. Ce que Diane Bertrand, madame Jeunet à la ville, met parfaitement en images, sans tambour ni trompettes, sans chichis ni pose d'auteur. C'est tout simplement très beau.
7/10

13 juillet 2006

EDY

Assureur doué, surtout dans l'art de provoquer la mort de ses clients pour mieux toucher leur assurance-vie, Edy est au bout du rouleau. Mais son suicide raté tourne au drame, et Edy se retrouve avec un cadavre sur les bras et une série d'emmerdes inextricables.
Polar cynique et désabusé, Edy ne ressemble pas à un premier film. Mise en scène haut de gamme, casting royal, scénar plutôt ambitieux : Stéphan Guérin-Tillié s'est impliqué corps et âme dans son film, pour en faire une oeuvre séduisante et qui tient au corps. Il signe l'excellent retour de Philippe Noiret et transcende François Berléand, dont c'est à coup sûr le meilleur rôle (on a enfin saisi sa grande part de noirceur dépressive).
Edy sent le chien mouillé, le tabac froid, et le talent pur. Guérin-Tillié montre un grand sens de l'ellipse (ce qui est toujours très bon signe) et capte à merveille les errements et les hésitations d'un homme perdu qui souhaite sa propre mort mais n'obtient que celle des autres. La noirceur du film est agrémentée de bribes d'humour noir qui l'illuminent sans pour autant le faire plonger dans le registre trop facile et balisé de la comédie macabre à la Coen, genre exploité à tous les coups par les jeunes cinéastes en manque d'inspiration et d'identité.
Malgré quelques flottements dans l'intrigue (mais ne seraient-ils pas volontaires?), Edy s'impose comme le premier coup de maître dans la filmo d'un garçon plein d'avenir. Souhaitons que ce ne soit pas le dernier.
7/10