30 décembre 2007

JEUX DE GANGS

SI Jeux de gangs présente un minimum d'intérêt, c'est parce qu'il s'agit de l'un des premiers scénarios écrits par Stephen Gaghan, auteur de Traffic et réalisateur de Syriana. À vrai dire, on comprend pourquoi le film est arrivé directement dans les bacs des vidéoclubs (et encore, directement en bas des rayons) : cette micro guerre des gangs n'a rien de transcendant. Gaghan décrit le quotidien de deux adolescentes des beaux quartiers qui tentent de tromper leur ennui en allant s'encanailler au contact de petits dealers. Évidemment, tout cela finira mal.
Le problème, c'est que le script est des plus basiques et que la réalisatrice Barbara Kopple n'a pas le talent de Larry Clark. Faussement audacieux, Jeux de gangs se contente d'enchaîner les scènes "nécessaires" à la progression de l'intrigue, entièrement construite pour aboutir au déferlement final. Le film dure à peine 80 minutes, et c'est bien insuffisant pour rendre passionnante la plongée des deux Barbies au pays des gros durs. Dans leurs premiers rôles, Bijou Phillips et Anne Hathaway font d'excellentes petites pétasses, payant de leur personne avec une vraie abnégation. Sauf que même les scènes de sexe, pourtant au centre de l'intrigue, sonnent faux. La fin est très très ratée et pompe allègrement La haine. Sans le brio formel ni le propos social. Et l'on se dit que, vraiment, Mathieu Kassovitz et Larry Clark ont fait preuve d'un sacré talent pour représenter l'ennui et la détresse des jeunes de toutes origines.
3/10

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26 décembre 2007

EX DRUMMER

C'est un drôle de film que cet Ex drummer, présenté comme un Trainspotting belge, et dont on ne sait jamais trop s'il s'agit bien de cela. D'emblée le réalisateur Koen Mortier fait preuve d'aisance et d'originalité dans le traitement de cette drôle d'histoire, dépouillée et torturée, d'un groupe de rock qui se forme pour un unique concert. On se fout un peu de l'intrigue, évidemment secondaire, trop occupé à savourer la bizarrerie chronique du film de Mortier. Les personnages marchent à reculons ou au plafond, le sexe n'y est pas vraiment simulé, et les personnages traînent leur glauquerie comme un étendard.
Là où Ex drummer est très différent du film de Danny Boyle, c'est qu'il ne semble jamais destiné à amuser la galerie, et ce malgré une quantité de gimmicks et de vannes foireuses débitées par les personnages. Ce semblant d'humour et de clinquant n'apparaît que comme un signe supplémentaire de désespoir, l'inexorable grisaille d'Ostende pouvant au mieux conduire à la dépression. On ne sait pas trop où le réalisateur veut en venir ; on ne comprend pas bien pourquoi cette fin ; pourtant, on est happé de la première à la dernière image par ce gros machin des plus étranges, qui utilise quelques artifices triviaux sans jamais tomber dans la grossièreté ou la beauferie primaire. Et c'est sans doute parce qu'Ex drummer est insaisissable qu'il est si intéressant.
6/10