31 août 2006

INSIDE JOB

En s'adjoignant les services du génial Hubert Selby Jr pour coécrire le scénario d'Inside job, le Danois Nicolas Winding Refn était assuré de s'offrir un joli baptême dans le cinéma américain. À l'image de ses deux auteurs, Inside job est un drôle d'objet, difficile à saisir car indéfinissable. Ça a le goût d'un thriller mais ça n'en est pas un ; ça déborde d'humour noir sans jamais tenter d'être drôle ; ça commence comme un drame alors que pas vraiment. John Turturro (excellent) interprète un agent de sécurité hanté par la mort de sa femme, et qui ne vit que pour retrouver son assassin. l'affaire se complique lorsqu'on comprend que ses intentions ne sont pas vengeresse et qu'il souhaite simplement comprendre les raisons de cet assassinat.
Polar sans mécanique d'enquête, Inside job est un film exigeant : il est très facile d'en décrocher tant l'argument semble mince. Et c'est d'ailleurs ce qui se produit tôt ou tard, le dénouement n'apportant aucune réponse à l'absence de questions posées. C'est le problème quand on veut être trop énigmatique : on finit par faire fuir tout le monde.
5/10

30 août 2006

HIC - DE CRIMES EN CRIMES

Dans la campagne hongroise, un vieux monsieur a le hoquet. Hic. Hic. Hic. D'ailleurs, en hongrois, c'est plutôt Hukkle, hukkle, hukkle, mais on s'en fiche.
Après, il y a le cri des cochons, le c'épitement du feu, la bouffe qui pétille, la porte du poulailler qui grince, et ainsi de suite pendant quatre-vingts minutes. Mais ne fuyez pas : si Hic est apparemment une simple succession de vignettes sonores, le premier film de György Pálfi est beaucoup plus que ça. D'abord un exercice de mise en scène : minutieuse, brillante, prêtant une attention folle à chaque détail, elle excite les yeux et les oreilles (travail du son étonnant). Ensuite un fascinant puzzle scénaristique, puisqu'avec un peu d'attention, Hic est également une enquête policière parfaitement construite. Un tour de force, puisqu'au cas où je n'aurais pas été clair, il n'y a aucun dialogue dans Hic, rien que des sons divers et variés, qui rythment les scènes bien mieux que des milliers de bandes originales. La brièveté du film et la talent naissant du jeune réalisateur font passer ce drôle de pari comme lettre à la poste. Hic.
8/10

27 août 2006

LE DÉMON DE MIDI

Michèle Bernier a beau être grosse avec un rire horripilant, elle n'en demeure pas moins une personne assez sympathique. Après la BD de Florence Cestac et le one woman show, voici une troisième variation sur le thème du "démon de midi", chronique au bon gros vitriol d'une rupture, et surtout diatribe partiale mais de bonne guerre d'une moitié de l'humanité : les hommes. Lâches, râlmeurs, obsédés, branleurs, impuissants, vulgaires, ils ont toutes les tares et on se demande bien ce que les femmes leur trouvent. À partir de là, Michèle Bernier et sa compère Marie-Pascale Osterrieth (coscénariste et réalisatrice)ont concocté une succession de saynettes rigolardes qui égratignent les mecs avec férocité mais finalement avec tendresse. Le degré de drôlerie de l'ensemble est assez variable, la mise en scène inexistante (pour ne pas dire craspouille) et la franchouillardise bien présente. Mais pour peu qu'on laisse son cerveau au placard pour la soirée, Le démon de midi est une comédie gentiment rafraichissante qui a surtout l'intérêt de clore la trilogie Bernier-Cestac (a priori, il ne devrait y avoir ni sitcom ni comédie musicale).
5/10

26 août 2006

13 TZAMETI

D'abord annoncé comme une future grosse claque, puis conspué par les élites, puis racheté par Brad Pitt pour en faire un remake, 13 tzameti est passé par toutes les étapes de la gloire, une gloire éphémère puisqu'il n'a pas été franchement flamboyant au box-office.
On se demande tout de même qui a tenu à en faire un évènement majeur. Sans parler de sa qualité, le film est un objet relativement modeste qui ne profite même pas de son sujet choc pour faire dans la surenchère sanguinolente ou l'arty branchouille. Gela Babluani utilise une mise en scène relativement sommaire, avec un noir et blanc un peu crasseux qui fait penser aux films français des années 50.
Après une longue exposition d'une demi-heure, apparemment destinée à ce que le film dure une heure et demie, on entre enfin dans le vif du sujet. Le film plonge alors au cœur d'un jeu sanglant et haletant qu'il vaut mieux ne pas trop dévoiler, mais qui est en tout cas propice à quelques scènes assez glaçantes. Dans le rôle principal, le jeune Georges Babluani (fils du réalisateur) est étonnant.
Une fois terminée la partie principale de son film, Babluani allonge la mayonnaise en donnant à 13 tzameti un côté un peu polar pas franchement utile. Et c'est bien ce qu'on regrette : ce qui aurait dû être un très bon court métrage d'une demi-heure s'est retrouvé dilué dans un film d'une heure trente, trop long et trop futile. Dommage : pour une fois qu'un réalisateur francophone avait les couilles pour traiter un sujet un peu différent…
5/10

DEAR WENDY

Après le magistral Festen, tout le monde avait fait de Thomas Vinterberg le jeune réalisateur à suivre. Force est de constater qu'après deux machins nommés It's all about love et Dear Wendy, on n'en attend plus rien du tout. Mais si Dear Wendy est un très mauvais film de Thomas Vinterberg, il porte surtout la marque de Lars Von Trier, scénariste du film.
Dear Wendy sonne aussi creux qu'un Dogville ou un Manderlay. Même narration lourdaude en voix off, même espace réduit (on ne quitte jamais la place principale du village), même idéologie crasse bassement provoc : c'est comme si Von Trier n'en finissait plus de se foutre de la gueule du monde en pondant sans cesse le même film abject. Et en plus, il refile ses bébés les plus ennuyeux à ses petits copains réalisateurs.
Alors forcément, on n'a pas très envie de charger Vinterberg, qui fait ce qu'il peut pour laisser à flots ce scénario poussif et débile sur une bande de jeunes qui deviennent inconditionnels des armes à feu mais qui font tout sauf s'en servir. Tout ce qu'on peut dire, c'est que Dear Wendy est un film sacrément nul qui ne sert ni ceux qui l'ont fait ni ceux qui le regardent. Beurk beurk beurk.
1/10

25 août 2006

À LA FOLIE... PAS DU TOUT

À la folie... pas du tout doit son très relatif succès au fait d'être sorti alors que la France surfait encore sur la vague séduisante mais un peu rengaine du Fabuleux destin d'Amélie Poulain. La Tautoumania faisait encore des émules. Il faut dire qu'elle n'avait pas encore tourné avec Ron Howard. Bref, si mademoiselle Tautout n'avait pas joué dans ce film, nul doute qu'il serait resté au fond des cartons, ou, mieux, dans des oubliettes dont on aurait perdu la clé.
La première partie du film ressemble à un roman-photo tout pourri, avec un Le Bihan des mauvais jours (c'est souvent) et une Tautou un peu lassante. Durant trois quarts d'heure, on rigole gentiment à cet enchainement de péripéties amoureuses moisies. Mais pas de quoi faire un scandale : c'est nullot mais ça peut éventuellement plaire aux lectrices de "Nous deux".
Alors ensuite, comme Laëtitia Colombani (la fille de Jean-Marie, pensez donc) s'est prise pour Kurosawa, elle livre une deuxième partie rashomonesque où les évènements sont racontés du point de vue de Samuel Le Bihan (qui s'oppose ainsi à celui d'Audrey Tautou). Vu sous un autre angle, le film devient alors un thriller machiavélico-psychanalytique, et surtout un joli ramassis de conneries. Dès le début de cette deuxième partie, on a tout compris, tant et si bien que le seul moyen de ne pas s'endormir ensuite est de jouer à "devine quelle sera la prochaine scène". On gagne à tous les coups.
La conclusion du film est quasiment jouissive. Persuadée de son propre génie (il n'y a bien qu'elle), Colombani livre un dernier plan censé nous glacer le sang alors qu'il fait juste pisser de rire. Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon le tournage d'À la folie... pas du tout aurait certainement viré à l'hécatombe.
0/10

24 août 2006

BANDIDAS

Un western sauce mexicaine réalisé par deux Danois inexpérimentés et produit par Luc Besson et Ariel Zeitoun, ça vous donne envie de fuir? Tant mieux, c'est que vous êtes sain d'esprit. Et si Bandidas fait illusion durant cinq minutes, il confirme ensuite nos craintes les plus pessimistes. C'est d'abord un festival de cabotinage : Salma Hayek et Penélope Cruz voudraient être à la fois Laurel & Hardy et Eastwood & Wallach, mais ne font que gesticuler dans tous les sens en remuant de la mamelle. En plus, si ce n'est pas désagréable à regarder, ce n'est même pas sexy, film grand public oblige. À leurs côtés, Steve Zahn, Dwight Yoakam et Sam Shepard gâchent leur talent et leur salive à tenter de défendre un texte d'une torpeur rare. En fait, Bandidas ferait presque penser aux tristement célèbres Dalton de nos Éric & Ramzy nationaux. À ceci près que dans Bandidas, il y a des tentatives bien réelles pour mettre en scène proprement et avec imagination. Le problème de notre duo scandinave est le même que celui d'un fleuriste ultra doué qui tenterait de faire un beau bouquet en utilisant seulement des mauvaises herbes : quels que soient les efforts déployés, même si c'est honorable, ça ne sert à rien. Film inutile par excellence, Bandidas est donc un bidule extrêmement dispensable qui ferait passer Wild wild west et Desperado pour de magnifiques chefs d'oeuvre.
2/10

22 août 2006

N'OUBLIE JAMAIS

Les histoires d'amour finissent mal, en général. Au cinéma, elles sont ennuyeuses et banales, en général. N'oublie jamais déroge à la règle, en offrant le récit d'une histoire d'amour tourmentée qui mit du temps à se construire et fut difficile à maintenir en l'état. Deux duos : il y a une cinquantaine d'années, le pauvre Ryan Gosling tombe amoureux de la riche Rachel McAdams, bientôt promise à un autre. De nos jours, dans une maison de retraite, James Garner raconte cette histoire à une pensionnaire, Gena Rowlands. Il y a une petite astuce de scénario mais elle n'est pas utilisée comme un twist final : le scénario est bien plus malin que ça.
Aucune des étapes de la love-story impossible ne nous sont épargnées ; pourtant, l'alchimie fonctionne à merveille. On ne doute pas vraiment de la fin, mais il y a là-dedans un romantisme à toute épreuve, qui submerge et séduit. Cassavetes dessine avec finesse des personnages qui pourraient facilement tomber dans le cliché mais qui tiennent incroyablement bien. Bref, N'oublie jamais est un vrai petit miracle, l'une des plus belles histoires d'amour de ces dernières années.
7/10

20 août 2006

J'AIME TRAVAILLER

Le monde du travail est un véritable lac aux requins. Un lieu commun? Peut-être. Sauf que Francesca Comencini a décidé de pointer du doigt un comportement bien précis, dont l'existence est avérée : le harcèlement moral. J'aime travailler conte comment, au lieu de la licencier purement et simplement, la direction d'une entreprise met tout en œuvre pour faire craquer une employée modèle mais indésirable. Mise progressivement au placard, cette jeune femme bien trop gentille et naïve avale une à une les vacheries qui lui sont balancées. On lui confie des tâches ingrates? Pas de problème. On donne son bureau à un autre et on lui file en échange une chaise dans un couloir? Si c'est pour le bien de l'entreprise, c'est d'accord. J'aime travailler est un témoignage édifiant, une mise en images du proverbe "Trop bon, trop con". C'est sans doute là que le film atteint ses limites : s'il décrit parfaitement le harcèlement moral, il n'a rien de profond à dire dessus et rien à raconter en parallèle. Et Nicoletta Braschi, dans le rôle de la bonne poire, est tellement lisse qu'elle en est foutrement agaçante.
Le grand mérite de J'aime travailler est d'exister ; il aurait cependant plus d'impact en étant montré directement dans les entreprises plutôt que dans des salles de cinéma.
5/10

18 août 2006

CRUSTACÉS & COQUILLAGES

Le film vaut mieux que son titre, qui fait furieusement penser à une nouvelle mouture des Bronzés. Crustacés & coquillages est plus un badinage adultérin, où chaque personnage est amené à s'interroger sur ses sentiments et son désir. Ça commence comme une comédie familiale acide, ça se poursuit plus amèrement, mais toujours en chansons. Crustacés & coquillages doit une bonne partie de sa réussite à ses comédiens, tous exquis, et en particulier Gilbert Melki, grand acteur parmi les grands acteurs, impayable en macho raide comme un manche qui en vient à douter de la légitimité de son couple. Mais Valeria Bruni-Tedeschi n'est pas mal non plus, et révèle une personnalité bombesque qu'on ne lui connaissait pas. Attention aux langues qui pendent. Mi diabolo grenadine, mi concentré de vitriol, Crustacés & coquillages est un formidable moment de fraîcheur non consensuel au contenu sexuel électrisant.
7/10

EROS

Projet assez curieux, Eros relève davantage de l'insolite que de la curiosité intéressée. Trois segments, trois metteurs en scène complètement différents, trois histoires tournant autour de l'amour… et trois mauvais films en un. Un catalogue de clichés sur l'amour là où l'unique intérêt d'Eros aurait pu être justement d'enfoncer les portes ouvertes. On n'apprend rien ni sur ce sujet ni sur les réalisateurs qui en parlent.
Antonioni est un vieillard sénile et lubrique qui ne fait des films que pour voir de jolies filles à poil. Force est de constater qu'il les choisit bien, mais à part ça, son film est une ennuyeuse logorrhée sur l'érosion des sentiments. Il serait vraiment temps que le réalisateur génial des années 60 prenne une vraie retraite.
Soderbergh fait souvent dans l'esbroufe et le tape-à-l'œil. Partis pris de mise en scène usés jusqu'à la moelle, avec alternance entre filtres bleus et noir et blanc stylisé. Visiblement influencé par Woody Allen et les frères Coen, il livre une farce onirique et psychanalytique qui en endormira plus d'un. On préfère quand Stevie fait dans le divertissement hollywoodien (ou le très très indépendant à la Schizopolis ou Bubble).
Quant à Wong Kar-Waï, il aime le romantisme en toc et les bons sentiments surannés, utilisés sous couvert d'auteurisme et de classicisme alors que son cinéma est tout bonnement creux et vide. Ici, c'est une main sous les burnes qui remplace le bol de riz de In the mood for love au titre d'objet romantique de l'année. Qu'on me permette de pouffer sec.
Il n'y a quasiment rien à tirer de cet Eros à la triste figure. Si c'est ça l'amour, mieux vaut sans doute ne jamais être amoureux.
3/10

17 août 2006

J'ME SENS PAS BELLE

Au départ, J'me sens pas belle ne fait pas spécialement envie. Marina Foïs et Julien Boisselier sont fort sympathiques, ce sont même des acteurs de qualité (surtout lui), mais on a sans doute mieux à faire qu'une heure et demie de théâtre filmé avec leurs deux seuls personnages. Et en effet, le film commence comme cela. C'est le récit du premier dîner de deux collègues avant qu'ils ne franchissent certainement le pas. Elle multiplie les gaffes, lui meurt d'envie de se tailler, c'est gentiment amusant mais on se demande bien ce qu'une intrigue de théâtre de boulevard vient faire au cinéma.
Et puis, dans sa seconde moitié, J'me sens pas belle révèle une autre facette : le film se fait plus grave, chronique de la détresse profonde des célibataires parisiens, rongés par la solitude et les déceptions. Là, le film se fait plus cruel et amer, et Marina Foïs explose à l'écran. La mise en scène de Bernard Jeanjean capte à merveille les atermoiements de deux personnages complètement paumés. Et fait de J'me sens pas belle un film plus étrange que prévu, un objet plutôt déconcertant qu'il est de bon ton de découvrir.
6/10

16 août 2006

AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD

Il y a de tout dans Avant qu'il ne soit trop tard : des couples qui se séparent, un deuil tout frais, une bimbo, un noir, deux gays, un qui a juste tenté le coup une fois pour voir, une handicapée... C'est les responsables des quotas qui vont être ravis. À part ça, dans Avant qu'il ne soit trop tard, il n'y a rien. Rien de plus que dans les centaines d'autres films dits de potes. Le scénariste Alain Layrac nous inflige un fourre-tout de traumatismes comme on en a vu mille fois. Bacri et Jaoui ont fait des émules, pour le meilleur et surtout pour le pire. Alors, conscient du poids de ses modèles, Layrac ajoute une couche de grivois pour séduire le spectateur en manque d'allusions sexuelles. Pipes, sperme, sodomie : tout y passe, et pas en finesse. C'est d'ailleurs sans doute la seule raison pour laquelle le film n'a pas été diffusé un samedi soir sur France 3, car la réalisation très téléfilm collait à merveille au créneau horaire.
Heureusement qu'il y a quelques acteurs intéressants, dont les charmantes Élodie Navarre. La vraie surprise du film se nomme Frédéric Diefenthal, qui montre pour la première fois ses talents de comédien. Il faudrait vraiment qu'il arrête les Taxi. Avant qu'il ne soit trop tard (hi hi).
3/10

12 août 2006

QUATRE FRÈRES

Ils sont quatre frères adoptifs, trois durs de durs et un rangé, deux blancs et deux noirs, et ils ne sont pas contents. Leur mère adoptive a été dézinguée dans une épicerie, mais ça ne ressemble pas à un accident. Et quitte à coller des balles dans la tête des gens et à faire exploser leur maison, ils vont trouver qui a fait ça et pourquoi.
Ça a l'air stupide comme ça, et ça l'est relativement. Sans être totalement mauvais, Quatre frères continue à montrer que John Singleton n'est plus ce qu'il était. Le film alterne règlements de compte sanglants et scènes intimes larmoyantes où les quatre héros pleurent leur maman à chaudes larmes, mais rien ne vient bouleverser l'ordre établi. C'est assez long et pénible, et ce n'est pas le jeu de Mark Wahlberg, sourcil froncé quand il est en colère et regard vers le haut quand il réfléchit, qui améliore l'impression d'ensemble. Heureusement il y a Andre Benjamin, alias Andre 3000 de OutKast, qui vient mettre un peu de piquant dans l'affaire. Mais à part ça, Quatre frères sonne désespérément creux. Toc toc toc?
4/10

09 août 2006

LA PETITE JÉRUSALEM

Laura tente d'étudier la philo au milieu d'une famille obsédée uniquement par la religion. Quand elle traverse ses premiers émois amoureux, son petit monde s'écroule...
La petite Jérusalem est à l'image de son affiche et de son actrice principale, Fanny Valette : délicat, diaphane, inquiétant mais attirant. Le film dresse le portrait de deux jeunes femmes aux prises avec leurs principes : l'une, dirigée par la philosophie, ne croit pas vraiment en l'amour, l'autre, engoncée dans son judaïsme, en oublie de vivre (jusqu'à ce que qu'elle apprenne que son mari la trompe). Exigeant mais pas prise de tête, le film de Karin Albou bénéficie d'une mise en scène rigoureuse, légèrement froide mais pas trop, ce qui offre un regard juste et sans tabou sur les personnages. Mais La petite Jérusalem ne serait pas grand chose sans ses comédiens : si Bruno Todeschini et Elsa Zylberstein sont comme d'habitude excellents, c'est la révélation Fanny Valette qui donne toute sa lumière au film. Cela faisait longtemps qu'on avait pas vu une actrice attirer aussi bien la lumière. Elle est l'oxygène d'un film brillant et sincère, qui ne condamne personne mais démolit les hypocrites.
8/10

04 août 2006

PIRATES DES CARAÏBES : LA MALÉDICTION DU BLACK PEARL

Comme ils n'avaient plus d'inspiration chez Disney, ils ont décidé de fabriquer des films en s'inspirant des attractions de leurs parcs à thèmes. Ça donne ce Pirates des caraïbes complètement hétérogène, qui ressemble à une promenade à Disneyland. Il y a les parties amusantes (merci Johnny Depp, certes cabotin mais tellement divertissant), les trains-fantômes pas effrayants du tout (ça reste du Disney), la balade à Fantasyland pour voir les princesses (quand on est un petit garçon, c'est ennuyeux), et les kilomètres à faire à pied pour aller d'un coin du parc à l'autre (harassants et prsque déprimants). Pirates des caraïbes est une grosse tambouille indigeste, un mélange des genres pas vraiment réussi où même les acteurs ne sont pas tous dans le même ton, une pantalonnade bien trop longue qui pourra enthousiasmer le quidam pas trop exigeant mais en aucun cas contenter le fan de vrai bon cinéma.
C'est dans les parties comédie que Gore Verbinski s'en sort le mieux ; elles sont malheureusement trop rares, eclipsées par un univers de guimauve et de transparence (la love-story prémâchée entre Keira Knightley et Orlando Bloom vaut tous les somnifères du monde). C'est le duel Geoffrey Rush face à Johnny Depp qui donne au film le peu de sel qu'il possède.
5/10

01 août 2006

HUSTLE AND FLOW

Djay est un maquereau de première espèce, qui vit en communauté avec ses pouliches qu'il traite plus ou moins bien. Un jour, il décide de poser son flow sur du bon son (ça veut dire faire du hip-hop). Et comme Djay a du talent, le succès n'est peut-être pas loin. Peut-être...
Difficile d'être vraiment enthousiasmé par ce Hustle and flow, qui ressemble à une sorte de canard boîteux pas méchant mais un peu détestable quand même. Tout le problème tient au héros du film : à aucun moment Djay le mac ne se repent de ses actes. Au contraire, il va même jusqu'à faire baiser ses "filles" avec le premier venu pour pouvoir s'acheter du matos. Avant de leur taper un speech sur l'honneur et la volonté de réussir dans la vie. Ça passe moyen.
C'est vraiment dommage, car côté "film de rap", Hustle and flow dépote sévère. Mis à part 8 mile, qui fait office de film-référence en matière de hip-hop, aucun film n'était parvenu à séduire et émouvoir à ce point. Malgré un personnage éminemment antipathique, Terrence Howard excelle et fait totalement illusion lorsqu'il rappe. Proche des personnages et à l'écoute des comédiens, la mise en scène de Craig Brewer colle parfaitement à son sujet. Hormis une énorme réserve donc, Hustle and flow a de quoi séduire les fans de rap, et même les autres.
5/10