29 octobre 2007

SEXCRIMES

Les apparences ne peuvent qu'être trompeuses. C'est le message de ce Sexcrimes tordu en diable, qui sous ses faux airs de thriller premier degré recèle un humour fait de burlesque et de parodie. Le film commence comme un Hollywood night. Avec un sérieux de cathédrale, John McNaughton présente un à un des personnages puissament stéréotypés, telle cette jeune fille de bonne famille qui lave des voitures en petite tenue pour gagner trois piécettes.
Et puis la toile d'araignée se déroule, et Sexcrimes (titre tellement affreux qu'il sonnerait presque juste) révèle toute sa perversité et sa délicieuse ambiguïté. Rebondissements improbables en veux-tu en voilà, scènes de sexe génialement surjouées (se référer à la scène excitante et hilarante dans laquelle Matt Dillon, les yeux quasiment hors des orbites, déguste du champagne sur l'appétissante poitrine de Denise Richards) : McNaughton nous offre un film qui procure un plaisir immédiat et primaire tout en riant de la trivialité avec laquelle il le fait.
Car il faut bien l'avouer, on reste suspendu à son siège d'un bout à l'autre du film, impatient de savoir jusqu'où les scénaristes vont aller dans l'aberration. Réponse : loin, très loin, et c'est tant mieux. Le je m'en foutisme avec lequel McNaughton accomplit les nombreux twists est un régal, notamment lorsqu'il se permet d'insérer pendant le générique de fin des explications abracadabrantesques sur le comment du pourquoi. Orné d'un casting quatre étoiles (de Denise Richards, impeccable en pure salope, à Bill Murray, épatant comme d'habitude), Sexcrimes est un spectacle absolument unique valant mille millards de fois mieux que les suites qui l'ont rapidement accompagné.
8/10
(également publié sur Écran Large)

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LE COEUR DES HOMMES

Ancien rédacteur en chef d'un célèbre (je n'ai pas dit grand) magazine ciné, Marc Esposito livre avec Le coeur des hommes une déclaration d'amour au cinéma de papa qu'il aime tant, celui de Lawrence Kasdan et Claude Sautet. Son cinéma n'a pas la profondeur de celui de ses aînés ; il n'empêche que sa première fiction est un savoureux film de potes qui ne peut qu'attirer la sympathie. Atout numéro un du Coeur des hommes : provoquer l'identification du spectateur avec les quatre personnages principaux. Lâcheté, coups de blues, amour de la vie : des caractéristiques qui relient la plupart des hommes de cette planète. Esposito propose un véritable catalogue des phases par lesquelles nous sommes tous amenés à passer.
Si les destins des quatre hommes du film suscitent des intérêts divers, ils sont tous transcendés par l'apport des comédiens, parfaitement à l'aise dans des registres qui leur sont familiers. Le coeur des hommes illustre idéalement la réplique principale du film : "qu'est-ce que je ferais si j'étais moins con?". Et offre une description entraînante et universelle d'une amitié simple, forte, mais également tourmentée. Le schématisme de certaines situations et la faiblesse de l'illustration musicale (on subit à plein volume tous les tubes lacrymaux des années 80) gâchent à peine la fête : Le coeur des hommes, c'est un bol d'air frais, et la perspective de retrouver cet esprit dans un deuxième épisode est pour le moins réjouissante.
[NB : avec un peu de recul, on se serait bien contenté de ce seul et unique film]
6/10
(également publié sur Écran Large)

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