09 août 2005

SIDEWAYS


Un nouvel itinéraire bis vient de s'ajouter au réseau routier de la mélancolie : Sideways emmène le spectateur au pays du spleen, par le biais de chemins de traverse. Qu'on ne s'y trompe pas : derrière l'apparent duo comique formé par les deux héros, se cache surtout le constat le plus désabusé et déprimant qui soit. Ainsi donc, l'être humain est une petite chose fragile et idiote, dépourvue de toute dignité. Ce n'est pas nouveau, mais à chaque fois qu'on le constate, ça enfonce encore un peu plus le couteau dans une plaie déjà béante. Rire n'est pas interdit (c'est même inévitable), mais le rire sert ici à masquer amèrement les sanglots de désespoir face à une vie dégueulasse, harassante et complètement injuste. Il est des moments de grâce et de flottement intérieur qui font que la réalisation ou l'interprétation importent peu. Sideways est de ceux-là. Cent vingt quatre minutes de concision, de non-dits (malgré l'éxubérance de certains protagonistes), de nausée. Aussi pathétique qu'une soirée en solitaire dans un piano-bar, Sideways n'est pas vraiment un film qui redonne foi en la vie, cette infâme mixture contenant 5% de pépites de chocolat et tout le reste de mélasse.
On n'échappera pas à la sempiternelle métaphore vinicole : Sideways est un sacré bon pinard, à boire en comité restreint et en silence.

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