31 octobre 2005

GHOST DOG, LA VOIE DU SAMOURAÏ

Avec ce qui est sans doute son film le plus populaire, Jarmusch n'offre pas pour autant une oeuvre prémâchée. S'appuyant sur les films de mafiosi, le code des samouraïs et l'esprit hip-hop (la bande-son de RZA est sans doute ce que le rap a produit de mieux, et c'est un non-connaisseur qui vous le dit), Jarmusch livre un melting-pot de cultures et de saveurs, à la frontière entre burlesque et gravité. Au centre de tout ça, Forest Whitaker, paupières tombantes, que la masse corporelle n'empêche pas d'être aérien. Portant le film sur ses larges épaules, il fait preuve d'une force d'esprit qui n'a d'égal que la sensibilité à fleur de peau. Les seuls amis de Ghost Dog sont des livres, des pigeons, une petite fille futée et un marchand de glaces français. Chacun des deux hommes ne comprenant pas un traitre mot de ce que l'autre raconte, la situation donne lieu à quelques scènes un peu répétitives mais surtout très drôles (au début, en tout cas ; ensuite, l'émotion prend le pas sur la drôlerie). Comme dans Dead man, Jarmusch suit le destin d'un homme condamné à mourir tôt ou tard, et qui choisit de ne pas fuir ce funeste destin, mais de l'accepter et de s'y soumettre. D'où un final finalement très proche de celui de Dead man. La larme à l'oeil, on se demande bien ce que Jarmusch va pouvoir faire pour nous cueillir une fois encore la fois prochaine.
8/10

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