31 octobre 2005

MYSTERY TRAIN

Après deux films de grande classe, Jarmusch était attendu au tournant. Il revient avec Mystery train, un drôle de film en trois parties bien distinctes, chacune suivant des personnages qui finiront par aller passer la nuit dans le même hôtel de Memphis, où un coup de feu sera tiré le lendemain matin. Comme d'habitude, aucune envie chez Jarmusch de faire du suspense. Qui a tué le coup de feu, franchement, on s'en cogne. L'intérêt réside évidemment dans l'ambiance générale. C'est le premier tiers ("Far from Yokohama") qui donne toute sa saveur au film : on suit un couple de touristes asiatiques qui viennent visiter les hauts lieux du berceau du King. Elle est un peu fofolle, lui complètement mutique. La plupart du temps, on y retrouve le ton décalé et laconique du cinéma de sieur Jim que l'on aime. Mais ensuite, les choses dérapent un peu. Cette histoire d'une Italienne venue attendre le cadavre de son mari ("A ghost"), puis celle des trois branques contraints de se planquer à la suite d'un braquage inattendu ("Lost in space") sont plus convenues, moins singulières, moins passionnantes. Le fantôme d'Elvis a beau se manifester, on reste en dehors du film, et ce malgré les savoureuses apparitions de Screamin' Jay Hawkins (l'idole d'Eva dans Stranger than paradise) et de la voix de Tom Waits (en présentateur radio, hommage direct à son personnage de Down by law). Le passage à la couleur semble avoir altéré les capacités de Jarmusch à faire de la poésie à partir de peu de choses : c'est beaucoup moins beau qu'avant. Mais un tiers de bon Jarmusch, deux tiers plus moyens, c'est déjà pas mal.
7/10

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