20 octobre 2005

LA PORTE DU PARADIS

On connaît tous la légende : La porte du paradis a coulé le Studio United Artists, puis les producteurs, le jugeant trop long, l'ont sorti dans une version de 130 minutes (au lieu de 225!)... Résultat : un film maudit dont beaucoup parlent et que peu de gens ont vu. À la faveur d'une rétrospective cimino, j'ai eu la chance de voir le film en version intégrale et sur grand écran (c'est mieux que le miteux DVD Zone 2 que lequel ne figure que la version tronquée). Si la durée du film peut flanquer la frousse (on se sera auparavant injecté suffisamment de caféine et de nicotine pour être sûr de tenir), on ravale vite nos craintes. La porte du paradis se boit comme du petit lait. Western romantique qui fait souvent penser à Tolstoï, le film est un hallucinant melting-pot d'influences et de talent. Entre deux scènes violentes, Cimino prend le temps d'insérer des pauses où le bonheur et l'amour peuvent reprendre le dessus. On tombe vite amoureux de cette caméra si agile. Si Kubrick, Peckinpah et Truffaut s'étaient alliées le temps d'un film, le résultat n'aurait sans doute pas été très loin de ça. Seulement voilà, Cimino l'a fait tout seul comme un grand, et il surpasse sans doute tous ses maîtres. Violent et fougueux, exaltant et déprimant, La porte du paradis réunit l'intime et le gigantesque, la crasse et le somptueux. Cimino utilise un casting riche en talent (des seconds rôles impeccables, plus des gens comme Jeff bridges, Mickey Rourke, Tom Noonan ou encore le Locke de "Lost", dont j'ignore le nom, et qui avait encore des cheveux à l'époque) et transcende son sujet. Hanté par la figure du cercle (danses, farandoles, maisons encerclées, arènes de combat de coqs...), La porte du paradis passe presque trop vite. Putain de film.
9/10

0 Comments:

Enregistrer un commentaire

<< Home