22 novembre 2005

TURNING GATE

Certains films donnent l'impression bizarre que faire du cinéma, c'est facile. Rien ne saute aux yeux, aucune prouesse technique, un scénario simple, personne ne tire la couverture à lui, et ça fait un film génial. Qu'on ne s'y trompe pas : la force de ce genre de film, c'est justement de faire croire à une aisance totale quand la qualité de la chose ne résulte en fait que du talent de ses protagonistes. En tête, Hong Sangsoo, jeune réalisateur coréen presque aussi prolifique que son compatriote Kim Ki-duk. Chacun de ses films est basé sur les mêmes éléments : de jeunes gens, un dépit amoureux, beaucoup d'alcool, du sexe un peu cru mais jamais racoleur, des cadrages précis et sobres (à la Bresson, pourrais-je dire si j'y connaissais quelque chose), un scénario incroyablement fort malgré (ou grâce à?) la simplicité des arguments développés. Ici, Turning gate est un film chapitré et très tranché où un jeune acteur déboussolé par un gros fiasco tombe amoureux, puis se barre, puis retombe amoureux. C'est à la fois cohérent et décousu. C'est souvent drôle, toujours juste, et jamais ennuyeux malgré une certaine lenteur du récit. Si tous les films de Sangsoo se ressemblent (à l'image de leurs affiches, toutes exactement construites sur le même modèle), il y a toujours ce petit truc qui modifie complètement l'ensemble. Il n'est pas interdit de penser que Turning gate est jusqu'ici le meilleur film d'un fabuleux réalisateur.
9/10

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