27 mai 2006

BUFFALO '66

Vincent Gallo est moins connu pour ses films que pour sa réputation de casse-couilles suprême, imbu de lui-même à tel point qu'il vend sa propre semence sur son site internet en échange d'un petit million de dollars (si vous êtes intéressé, c'est en bas de cette page). Tout cela est fort dommageable, puisque Gallo est d'abord un artiste hors pair.
Sur Buffalo '66 comme sur son deuxième film, The brown bunny, Gallo endosse rien de moins les capes de réalisateur, scénariste, acteur principal, compositeur, monteur. Exigeant comme pas deux, il effectue toutes ces tâches avec un brio égal. Il a certainement préparé tous les sandwiches pour l'équipe, et ils devaient être délicieux.
Mais revenons à Buffalo '66 : ça valait vraiment la peine de se fâcher avec tout le monde (Anjelica Huston et Christina Ricci refusent de lui adresser la parole) pour pondre un tel bijou. Si Buffalo '66 impressionne, c'est d'abord par ses qualités de mise en scène. Split-screen, changements de points de vue, montage au cordeau : Gallo maîtrise tout, et atteint un degré de perfection rare dans le maniement de la caméra. On pourrait citer une formidable scène de dîner à quatre (filmée subjectivement, empruntant tour à tour les yeux de chacun des protagonistes) ou le plan d'un lit vu du plafond, mais tout cela ne serait que détail face à la maestria, l'originalité et la cohérence dont le film tout entier fait preuve.
Comme un excellent exercice de mise en scène ne fait pas tout à fait un film, Gallo n'a pas oublié de raconter une histoire. Souvent cruel, extrêmement drôle, surprenant lorsqu'il bascule dans une tendresse un peu sucrée mais pas gratuite pour autant, le scénario renferme des trésors d'inventivité et d'imagination.
Et comme le prodigieux metteur en scène cache également un formidable directeur d'acteurs, qui se fout de se mettre tout le monde à dos pourvu qu'il obtienne la réaction souhaitée, Buffalo '66 subjugue par les prestations de ses comédiens. Il y a entre autres Christina Ricci, brave fille un peu nunuche et très maternelle ; Anjelica Huston, mère indigne prête à dire des horreurs sur son rejeton ("je n'aurais pas dû t'avoir" et autres réjouissances) ; et Ben Gazzara, papy lubrique et un brin ringard. Mais une fois de plus, le meilleur se nomme Vincent : Vincent Gallo, homme-enfant, psychorigide et tatillon, engoncé dans son mal-être, qui pourrait bien évoluer un peu et devenir un autre homme.
Buffalo '66 donne envie de faire du cinéma et d'acheter des cookies en forme de coeur à celle qu'on aime. Sans doute les deux plus beaux compliments qu'on puisse faire au film.
9/10

1 Comments:

Blogger rude-boy-rock said...

Très très beau film, mais ce serait bien que Gallo ferme un peu sa gueule quand il s'agit de parler de Harmony Korine... Il paraît que Christina Ricci aurait demandée à ne plus jamais se trouver dans la même pièce que Gallo.

30/11/06 03:00  

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