26 mai 2006

LE FESTIN NU

Bienvenue dans l'Interzone.
Le festin nu fait passer Las Vegas Parano pour une aventure du Clan des Sept. Exit peyotl, éther et autres douceurs : la mode est à l'insecticide. Ça permet de rencontrer des machines à écrire mutantes, qui ressemblent à des gros cafards baveux munis d'une sorte de vagin, et qui sont en plus de redoutables espions à la solde de l'ennemi communiste. William S. Burroughs était un homme et un auteur complètement barré, dont le héros est une sorte de double aussi siphonné que lui, ni plus, ni moins.
L'occasion rêvée pour David Cronenberg de remettre un coup de vernis putréfié sur ses propres obsessions. La paranoia, les identités multiples, l'interaction entre fantasmes et réalité... Le canadien brasse ces thèmes avec une jubilation et un savoir-faire aussi étonnants qu'éprouvants. Car Le festin nu n'est pas un film facile : c'est une sorte de condensé d'austérité et de froideur, tout le contraire d'un trip pour adolescents en quête de sensations. À cet égard, le choix de Peter Weller dans le rôle principal s'avère crucial : il a un côté glacial et inhumain (un vieux restant de RoboCop, sans doute) qui colle parfaitement avec l'esprit du film. Un film à ne pas mettre entre toutes les mains, mais sans doute le meilleur de Cronenberg, car le plus exigeant et le moins consensuel (dans une oeuvre où la part de consensus est quand même assez faible).
9/10

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