13 mai 2006

PUNCH-DRUNK LOVE

Barry Egan vend des débouche-chiottes dans un entrepôt. Il a sept soeurs hystériques. Il est obsédé par l'idée de gagner des miles en avion grâce à des parts de pudding. Et de temps en temps, il pique des colères prodigieuses. Barry n'est donc pas très équilibré. Jusqu'au jour où en une demi-heure, il trouve un mystérieux piano dans la rue et rencontre la douce Lena.
Difficile de reconnaître ici le Paul Thomas Anderson de Boogie nights et Magnolia. Contrairement aux deux précédents, Punch-drunk love est un film court, une sorte de comédie romantique complètement barrée, loin des fresques dramatiques auxquelles PTA commençait à nous habituer.
Punch-drunk love, c'est d'abord un univers à part, dû à un scénario complètement fantasque. Le personnage de Barry est unique en son genre, et on n'a jamais vu ça. Timide et colérique. Obsessionnel mais très gentil. Pour autant, Anderson n'en fait pas un monstre de foire, mais le traite au contraire comme un personnage complètement normal. Et si Barry parvient à être à la fois indescriptible et crédible, c'est qu'il est interprété par un certain Adam Sandler, jusque là acteur de comédies bas de plafond dont les gros succès au box-office américian ne cachaient pas l'inanité totale. La surprise Sandler est de taille : touchant et convaincant, il révèle un talent qu'on ne lui connaissait pas encore. Jusqu'ici, à part pisser sur des portes cochères ou jouer au badminton avec un âne, on ne le pensait pas capable de grand chose. Le duo qu'il forme avec Emily Watson est d'une fraicheur et d'une spontanéité qui donnent toute sa grâce au film.
Mais Punch-drunk love n'est pas qu'une comédie romantique de plus. Pour faire passer un scénario pareil, où du pudding et un piano tout pourri font office d'enjeu dramatique, il fallait une réalisation rigoureuse et différente. Le prix de la mise en scène attribué au film au festival de Cannes 2002 est mille fois mérité. Conceptuelle sans être prise de tête, elle met merveilleusement en valeur tous les atouts du film.
Difficile de savoir à présent vers quoi Paul Thomas Anderson va se diriger. Après un film comme celui-ci, on peut s'attendre à tout. En tout cas, il lui sera difficile de surprendre autant qu'il l'a fait avec Punch-drunk love, l'un des objets les plus bizarres que le cinéma américain nous ait apporté ces dernières années.
8/10

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