26 avril 2006

AKOIBON

Ça commence comme un film d'Édouard Baer : des personnages paumés, en complet décalage avec la réalité, se rencontrent sans vraiment se rencontrer, le tout dans un hôtel salle de spectacle mené par un has-been tyrannique. Ça part dans tous les sens, c'est parfois très drôle, souvent un peu raté, mais ça vit. Il y a par moments une touche d'étrange qui fait penser (toutes proportions gardées) à l'univers de David Lynch.
Et puis, après une petite heure, Akoibon opère un virage à 180 degrés (à moins que ce ne soit à 540, 900 ou que sais-je encore). Ça se poursuit donc comme un film d'Édouard Baer, où ce ne sont pas les héros qui sont décalés, mais le décalage qui devient le héros. C'est là que le titre prend tout son sens : Akoibon faire du cinéma? Akoibon raconter des histoires qui de toute façon ne mènent à rien? Mais aussi (et c'est bien le problème) Akoibon voir Akoibon? Il n'est pas interdit d'être totalement réfractaire à l'univers parallèle créé par Baer. Pourtant, passé l'étape où l'on se sent déconcerté, il y a de très jolies choses dans ce film. Un refus des conventions assez séducteur au milieu des litres de soupe qu'on nous sert chaque mercredi. Une mise en scène barrée et intrigante, avec des emprunts notables à Lynch et Fellini (sans pour autant fausser la Baer touch). Et une actrice admirable, Marie Denarnaud, à la chair attirante et au talent pour le moins singulier. Malgré le bide du film, qu'Édouard Baer poursuive dans cette voie : à défaut d'être pleinement satisfaisants, ses films sont des bouffées délirantes complètement indispensables.
6/10

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