17 avril 2006

LA VIE AQUATIQUE

Wes Anderson cinéaste routinier? C'est ce que des individus mal intentionnés ont crié haut et fort après la sortie de La famille Tenenbaum, son génial troisième film. Le style Anderson est tellement singulier et original qu'il donne à certains l'impression de se répéter, de tourner en rond. Toujours la même mise en scène bien carrée, toujours le même humour à froid. J'ai tendance à dire qu'on ne se lasse pas du génie, mais toujours est-il qu'Anderson semble avoir entendu ces critiques. Car si La vie aquatique ne marque pas un virage à 180 degrés dans la jolie filmographie du jeune homme, il y a bien une évolution. Loufoquerie, fantasmagorie, absurde : trois éléments qui composent le film et qu'Anderson n'avait pas ou peu utilisés jusque là. Premier exemple : pour figurer le monde sous-marin dans lequel évoluent Steve Zissou et ses congénères, il a fait appel à Henry Selick, responsable artistique des films d'animations burtoniens, ce qui donne des hippocampes arc-en-ciel, un requin-jaguar avec de vraies morceaux de jaguar dedans, et j'en passe. Deuxième exemple : à un moment du film, la team Zissou est attaqué par des corsaires armés jusqu'aux dents, que Steve finit par éliminer un par un. Ce n'est évidemment pas crédible une seconde, mais comme tout le monde le sait, on s'en fout. On pourrait en citer d'autres, mais la preuve est faite : Anderson se fout de faire dans le réalisme et préfère continuer à jouer avec ses personnages comme s'ils étaient des Playmobil, avec leurs jolis costumes colorés et leurs têtes rigolotes. D'où le fait sans doute que La vie aquatique enthousiasme un peu moins que les précédents films d'Anderson, où le fond fantaisiste et décalé n'empêchait pas l'émotion d'affluer. Ici, on reste un peu à la surface. Il n'empêche que la mise en scène est toujours aussi fabuleuse, que le casting est à tomber (avec en tête Bill Murray, comme une évidence), et qu'il y a là-dedans bien plus de matière que dans 95% du reste de la soupe qui nous est servie chaque mercredi. Alors fine bouche, oui, mais point trop quand même.
7/10

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