LA DIAGONALE DU FOU
Il y a des films comme ça qui ne vous tentent guère. Prenez un film d'échecs, par exemple. Supposons quand même que vous affectionniez un minimum cette discipline (sinon, ce n'est même pas la peine). Avez-vous vraiment envie de vous taper deux heures d'ouvertures à la suédoise, de coups du berger et de grands roques? Nan, hein. Richard Dembo l'a bien compris, et fait de La diagonale du fou non seulement un film sur les échecs (finale du championnat du monde, tension palpable, mains moites et coeurs qui lâchent), mais également un jeu d'échecs vivant. Car les deux protagonistes ne sont pas de simples joueurs, mais des êtres politisés, manipulateurs ou manipulables. Tous deux sont soviétiques. L'un est passé à l'Ouest, l'autre non. Les deux camps s'espionnent. Il y a plus de gardes du corps que pour des diplomates. Tendu à l'extrême, le film alterne une dizaine d'oppositions angoissantes autour d'un échiquier et autant de journées d'attente entre deux parties, où le calme qui précède la bataille est encombré de tourments de tous ordres. Un scénario implacable et des acteurs de grande qualité, d'où émerge le formidable Michel Piccoli en génie vieillissant et cardiaque. Étonnant Oscar du film étranger, La diagonale du fou est en tout cas un pari risqué mais réussi.
7/10
7/10
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