07 avril 2006

LA BOSTELLA

Comique en vogue, Édouard se voit confier la présentation d'une émission quotidienne, un 19h30-20h, sur une grande chaîne (qu'on suppose cryptée). Un mois avant le lancement de l'émission, il réunit toute son équipe de joyeux drilles dans une villa camarguaise pour tout préparer dans les règles de l'art. Mais paresse, gros égos, pannes d'inspiration et emmerdeurs en tous genres viennent court-circuiter leur travail de création. La première chose qui frappe avec La bostella, c'est à quel point tout celà semble réel. Et pour cause : Édouard Baer joue Édouard, ses condisciples habituels (Gaston-Dreyfus, Lahmi & co) jouent ses condisciples habituels... Encore un peu et on croirait se retrouver face à un documentaire. Mais évidemment, tout ceci n'est qu'une fiction. Si Baer et son coscénariste Fabrice Roger-Lacan se sont sans doute inspirés de quelques légères brouilles ayant vraiment existé (le type d'humour de la bande à Baer étant délicat à pratiquer et à saisir), La bostella n'est qu'un film. Un film à la fois prévisible (pour les fans assidus du fameux Centre de visionnage) et déroutant (dans certaines scènes, on ne sait pas si l'on doit être effrayé ou si l'on doit éclater de rire), à l'image de monsieur Baer, auteur singulier s'il en est. Il faut aimer l'humour très décalé et volontairement à côté de la plaque. Il faut aimer les réalisations un peu brouillonnes (mais Baer réalise aussi bien que Cassevetes, son modéle, qui n'était pas un virtuose de la caméra). Mais pour peu qu'on soit plein de ces dispositions positives, La bostella est un régal doux-amer qui prouve qu'Édouard Baer a sa place au cinéma.
8/10

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