TROPICAL MALADY
Apichatpong Weerasethakul. L'homme a un nom long et compliqué, radical mais vraiment beau. À l'image de ses films. Après Mysterious object at noon et Blissfully yours, deux objects très lents mais très beaux, Weerasethakul poursuit dans sa quête de l'épure ultime. Mais cette fois, il va encore plus loin. D'abord avec une construction binaire et audacieuse. Tropical malady comporte deux parties bien distinctes : la première conte l'histoire d'amour fleur bleue de deux jeunes hommes, tandis que la seconde narre une chasse à l'homme-animal. À la fois liées et indépendantes, les deux moitiés se complètent et se répondent. Chacune n'aurait que très peu d'intérêt si l'autre n'existait pas. Weerasethakul ajoute une touche de mysticisme, de fantastique fascinant, en insérant une vieille légende thaïlandaise disant qu'un homme peut se transformer en bête sauvage... Et on est bouche bée, fasciné par des images d'une beauté sans nom, pris par des sensations inédites. Film réservé aux spectateurs avertis, Tropical malady en fera fuir plus d'un : très peu de dialogues, de l'action au compte-gouttes... Il faut admirer et ressentir ce qui est offert à l'écran, tout en guettant patiemment que se produise enfin quelque chose de significatif. On serait bien en peine de disséquer le pourquoi du comment de la réussite du cinéma de Jo (c'est son petit sobriquet) Weerasethakul. Toujours est-il que Tropical malady possède une force hypnotique quasiment indéniable. Se munir quand même d'une cafetière pleine. Servir chaud. Et s'y noyer.
8/10
8/10
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