27 janvier 2007

EYES WIDE SHUT

Ainsi donc, Eyes wide shut restera à jamais le dernier film de Stanley Kubrick, mais également celui dont le tournage aura été le plus long (près de deux ans). Précédé d'un milliard de rumeurs plus ou moins glorieuses, Eyes wide shut est d'abord un grand film, aussi indéfinissable que peut l'être un film de Kubrick.
Ni film d'amour, ni film érotique, ni autre chose : Eyes wide shut est, en toute modestie, le récit condensé de la vie quotidienne de l'humanité. Non pas que l'aventure nocturne du docteur Bill Harford soit des plus banales ; simplement, sur quelques jours, Kubrick montre comment naissent et perdurent des sentiments universels comme la jalousie, la curiosité, l'envie, la luxure... c'est-à-dire en fait les sept péchés capitaux, auxquels on ajoute quelques sentiments dérivés.
Étape par étape, saynette par saynette, Kubrick décrypte la vie d'un couple quasi ordinaire, aux désirs troubles et aux rêves déchus, qui va vivre une crise à distance pendant quelques jours. Bien que visiblement fragmenté, il faut voir Eyes wide shut comme un grand tout : au chevet d'une mourante, dans l'échoppe d'un loueur de costumes ou dans une boîte de jazz, Bill Harford cherche simplement le sens de sa vie, et si l'on ne voit pas sa femme Alice pendant tout ce périple, on devine que de son côté, elle effectue un voyage immobile aussi perturbant.
La conclusion laconique de Kubrick, qui va bien au-delà de la dernière réplique du film, c'est que seul le sexe peut nous sauver. D'où problème, puisqu'il vient tout juste de montrer que c'est justement le sexe qui nous fout dans la panade. Jusqu'à la fin de sa vie, ce cher Stanley aura été un sacré petit emmerdeur de talent.
8/10

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