18 octobre 2006

TOUT EST ILLUMINÉ

Pour apprécier Tout est illuminé le film, il est impératif de faire abstraction de la lecture du livre (ce qui est très aisé quand on ne l'a pas lu, un peu plus délicat sinon). Le livre de Jonathan Safran Foer est un fourre-tout de génie, une réflexion sur le langage fascinante et hilarante mêlée à une aventure humaine émouvante liée au souvenir et à l'héritage des ancêtres. Le genre de bouquin strictement inadaptable en bonne et due forme. Alors forcément, quand c'est Liev Schreiber, sympathique acteur indé, qui s'y attèle en solo pour sa première réalisation, il ne faut pas s'attendre à un miracle.
Première surprise dès l'introduction : Alex, jeune ukrainien malhabile, parle un anglais quasi-parfait, en totale opposition avec ce que raconte le livre (où sa syntaxe improbable est à pisser de rire). Gasp. D'autres déconvenues arrivent juste après, et l'on se dit que non, Tout est illuminé ne peut décidément pas être vu comme une adaptation du livre de JSF. Alors hop, métamorphose, lavage de cerveau, et l'on tente d'oublier le bouquin en quelques secondes. Et là, ça fonctionne. Car Schreiber offre une mise en scène très inventive et une direction d'acteurs inspirée, avec un Elijah Wood méconnaissable en écrivain tardant à enlever le parapluie qu'il a dans l'urêtre.
Le film joue surtout sur la corde sensible, mais le fait avec une telle délicatesse qu'on ne peut finalement qu'adhérer au propos. D'autant que Schreiber s'attarde juste comme il faut sur le devoir de mémoire pour que ce soit édifiant sans être complaisant. Ça donne envie de (re)lire le roman, l'un des trucs les plus géniaux que le vingt-et-unième siècle ait produit. Sans vraiment lui rendre justice, mais sans le trahir non plus, le film de Liev Schreiber est un joli voyage à la poséie contenue, qui en fera larmoyer plus d'un.
7/10

0 Comments:

Enregistrer un commentaire

<< Home