01 octobre 2006

EN CHAIR ET EN OS

On a souvent reproché à Pedro Almodóvar de faire dans l'excès, l'hystérie, le trop plein. Et moi le premier. Alors quand le brave Pedro se ramène avec en poche l'adaptation d'un polar de Ruth Rendell, simple et resserré, on crie au génie. Parce que pour une fois, le héros du film, ce n'est pas la provoc ni les fanfreluches, mais bel et bien cette quintette de personnages sombres et meurtris. Cinq êtres humains à côté de leur pompes, qui ont raté leur vie à des degrés divers. Le metteur en scène espagnol appose tranquillement à la description de ces destins mêlés un léger imbroglio policier, qui déliera les langues et amènera des hommes et des femmes au bord du gouffre à faire le dernier pas. Désespérant comme pas deux, tendu dans ses scènes de sexe comme dans l'action la plus violente, En chair et en os est la vraie révélation du talent d'Almodóvar, capable d'épurer son univers pour raconter n'importe quelle histoire, tout en conservant un léger grain de folie. Dans le rôle-clé du film, Javier Bardem, magnifique, plus hauit que tout le monde dans son fauteuil roulant, est le plus beau personnage de toute la filmographie almodovarienne. Chapeau.
9/10

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