01 février 2007

LOLITA

Un vieux dégueulasse rencontre une jeune conne. C'est en quelque sorte le résumé que l'on peut faire de Lolita, roman de Vladimir Nabokov devenu un film entre les mains de Stanley Kubrick. deux oeuvres d'ailleurs très différentes : au gré d'une écriture ciselée et bouleversante, Nabokov parvenait à transformer un fait divers franchement glauque en une histoire magnifique et exaltante, pour la plus grande gène du lecteur, aussi ému que perturbé. Kubrick, lui, semble insister davantage sur le fait que l'histoire de Lolita est avant tout une affaire de dédophilie entre un bourgeois mielleux que l'on devine lubrique et une insupportable nymphette qui profite autant qu'elle peut de cette attraction fatale.
Le résultat est plus moral que le roman, mais immédiatement moins transcendant ; pourtant, Kubrick a su créer une fois de plus un univers personnel, une sorte de banquise bourgeoise dont la température négative fait exploser les carcans de la famille et du savoir-vivre. Il laisse Peter Sellers en roue libre dans une prestation digne de Docteur Folamour, transformant ainsi Lolita en un objet curieux, passionnant de bout en bout mais dont on se sait trop quoi faire. Comme si le passage du papier à l'image ne pouvait qu'affaiblir le sujet...
On peut aussi voir Lolita complètement différemment en épousant le point de vue de David Lynch (qui, décidément, ne fait jamais rien comme les autres). En effet, si l'on compare le flash-forward du début et la même scène que l'on retrouve à la fin, on s'aperçoit à l'évidence que deux plans qui auraient dû être strictement identiques comportent quelques diférences substantielles (quelques bouteilles ont changé de position, notamment). Cela ouvre une porte à des interprétations aussi diverses que fantaisistes. Quoi qu'il en soit, quel que soit le regard qu'on lui porte, Lolita est un film passionnant, à défaut d'être un chef d'oeuvre de plus dans la filmographie kubrickienne.
8/10

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