25 juin 2006

SLING BLADE

Parce qu'à 12 ans, il a tué sa mère et l'amant de celle-ci, Karl Childess a passé la majeure partie de sa vie en hôpital psychiatrique. Aujourd'hui, il sort. Histoire de se trouver une place. Et de s'acheter une rédemption?
Lauréat de l'Oscar du scénario, Billy Bob Thornton est également le réalisateur et le convaincant acteur principal de ce Sling blade.
Les films de débiles mentaux sont souvent les plus conventionnels du monde. Sirupeux, moralisateurs, ils offrent des messages battant des records de consensualisme. Thornton tente d'éviter ces pièges en construisant un film sobre et exigeant, qui fait de Karl un personnage certes attachant mais dont la simple présence continue à provoquer un certain malaise. Pas facile de se trouver dans la même pièce qu'un meurtrier, même si celui-ci a payé pour ses fautes.
Sling blade est d'abord le récit d'un parcours initiatique, avec moultes scènes imposées. Karl trouve un job, Karl découvre les joies de la nourriture, Karl se fait un ami... On n'échappe pas toujours aux clichés du genre, mais c'est plutôt solide. Et puis, à mesure que le film avance, on comprend que Sling blade ne sera jamais Rain man, tout simplement parce que ce n'est pas le but de son auteur. Aux prises avec un sale type qui brime la gentille mère célibataire qui l'héberge, Karl va devoir choisir entre la liberté (en laissant couler) et le bonheur de ceux qu'il aime (en cédant à ses envies de meurtre). C'est la partie la plus savoureuse du film. Gentiment pervers, délicieusement ambiguë, elle souffre cependant d'un côté trop prévisible : au vu du déroulement des scènes, on devine vite comment tout cela va finir. Néanmoins, Thornton réussit plutôt bien son pari : faire d'un attardé mental un vrai personnage de film et pas une simple icône que le spectateur va plaindre pendant deux heures. Heureux soient les simples d'esprit : il leur est enfin rendu grâce.
6/10

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