17 janvier 2006

LOVE, ETC.

Heureusement que François Truffaut est mort : son Jules et Jim, déjà sérieusement daté, a pris une grosse claque dans la gueule avec la sortie de ce magnifique Love, etc. Un drame fantaisiste et intime où, si trois est forcément égal à deux plus un, le traitement n'est pas aussi bêtement mathématique. Marion Vernoux commence par le commencement, avec la rencontre de Benoît (Yvan Attal) et Marie (Charlotte Gainsbourg). Lui, vieux dans un corps de jeune ; elle, timide et soucieuse de s'engager. S'en suit la rencontre avec Pierre (Charles Berling), le meilleur ami de Benoït, un brin hurluberlu, et très séducteur. Ça commence comme une amitié triangulaire, ça se poursuit en eau de boudin. Ici, chaque déclaration de non-amour semble vouloir dire le contraire et chaque petit mot ou petit geste peut être ressorti de son contexte pour devenir une preuve édifiante. Du livre de Julian Barnes, original mais vraiment trop lourd, Marion Vernoux et sa coscénariste ont extrait le meilleur (narration à trois voix, apartés surréalistes) et remplacé le pire (à la place des cent pages les plus pénibles du roman, où le mari trompé prend conscience de la situation, un monologue blessé sur fond de Leonard Cohen fait le boulot). Trio d'acteurs parfait, réalisation toute en finesse : Love, etc. est l'un des plus beaux films qu'on ait pu voir sur l'amour, l'amitié et le gloubi-boulga.
9/10

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