13 juillet 2005

LE PORNOGRAPHE

20 ans après avoir arrêté de réaliser des films porno, Jacques Laurent reprend du service à cause de difficultés financières. Un producteur impatient, le retour d'un fils réticent et une envie d'auteuriser ses nouveaux films sont trois des zones d'ombres qu'il est contraint de traverser... On dira ce qu'on veut, Bertrand Bonello, c'est beau. Entre Quelque chose d'organique et Tiresia, il a livré il y a quelques années son film le plus simple, mais peut-être aussi le plus beau. Il y a quelque chose de Truffaut dans son film, et ce n'est pas seulement dû à Jean-Pierre Léaud, formidable dans le rôle-titre, ni aux scènes de tournage qui renvoient à La nuit américaine. Le pornographe est un film sur la solitude : celle de ce réalisateur tristounet qui s'est embourbé dans les conventions qu'il haïssait, celle de son fils (Jérémie Rénier) qui a longtemps renié son métier, celle de l'actrice (Ovidie), prisonnière d'un métier ingrat. En refusant de servir un film racoleur ("seulement" 2 scènes porno, l'une durant quelques petites minutes, l'autre quelques secondes, souvent filmées d'assez loin), Bonello livre une histoire sobre, sans chichis ni tics auteuristes. Son héros aurait aussi bien pu être croque-mort ou huissier de justice, le résultat aurait été le même. Bertrand Bonello, un cinéaste brillant à suivre.

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