10 mars 2006

BOTTLE ROCKET

Deux potes tracent la route en vivant de petits braquages. Ou plutôt non. Deux types un peu paumés cherchent leur place. Ou plutôt non. Et puis merde. Il est à peu près inutile de résumer un film de Wes Anderson, pour la bonne raison que l'intrigue n'est qu'une infime partie de la réussite de ses films. Esthétiquement, c'est très singulier. Si Bottle rocket fait office de galop d'essai pour Anderson, on retrouve déjà sa fascination pour les costumes colorés (il a dû jouer beaucoup aux Playmobil quand il était petit) et les petits détails (d'où ses désormais célèbres plans d'objets vus du dessus). Côté ambiance, idem. Le style Anderson est déjà présent. Humour en demi-teinte, personnages blessés et blessants, sensations cotonneuses. Jeux sur le second plan et le timing. Jamais le terme "comédie dramatique" n'a aussi bien porté son nom : rien ni personne n'est totalement désespérant ni totalement réjouissant.
N'arrivant pas à se trouver un style propre, trop de cinéastes en herbe construisent leurs premiers films "en référence à" ou "pour faire comme". Anderson, lui, pétri de talent, a créé en quatre films son petit monde, reconnaissable entre mille, et fantastiquement original, où ni la forme ni le fond ne sont négligées, et où le littéraire et le populaire cohabitent et fusionnent avec bonheur. La raison majeure pour laquelle Bottle rocket émeut tant, c'est qu'il marquera à jamais la naissance de l'auteur le plus fascinant de ce début de siècle.
8/10

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