09 mars 2006

MONDOVINO

Le monde du pinard est comme les autres. La passion se mêle à l'argent, les affaires financières prennent dangeureusement le pas sur les affires de coeur. C'est bien triste. Mais, grâce à Jonathan Nossiter, c'est surtout jubilatoire. Auteur de fictions honorables (Sunday et Signs & Wonders), le réalisateur rigolard et au moins trilingue se fait tout petit derrière la caméra et étudie le fonctionnement de l'industrie (car c'en est une) du vin avec un discernement vraiment idéal. Loin d'un Michael Moore, justicier masqué se mettant en scène devant la caméra et en voix-off, Nossiter n'apparaît que très peu, toujours comme intervieweur et jamais comme héros en puissance, et se passe d'une voix-off redondante et énervante. Les images et les propos recueillis se suffisent à eux-mêmes. L'humour est toujours présent (la fascination de Nossiter pour les chiens est incompréhensible mais assez marrante). Et l'on ne manquera pas l'occasion de choisir ses petits favoris et ses têtes de turc (la mienne se nomme Michel Rolland, oenologue de mes deux, qui fume des cigarillos mais vante ses qualités de goûteur, et qui gère les grands vins à la chaîne, comme d'autres géreraient des usines de papier toilette). Passionnant parce que passionné, engageant car désengagé, Mondovino est un cru acide et rond en bouche qui ne manquera pas de vous tourner la tête.
9/10

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