27 juin 2005

24 HEURES AVANT LA NUIT

Voilà. Monty Brogan est au pied du mur. Dans 24 heures, il a rendez-vous avec un septennat de prison. 24 heures pour faire le point avec son amoureuse, ses potes, son paternel. Et une amertume dévorante.
Aucune hésitation à avoir, on tient là le tout meilleur de Spike Lee, dont les autres joints sont pour la plupart assez intéressants mais bourrés de partis pris douteux, tant au niveau esthétique que politique.
Ici, même si ce cher Spike ne peut s'empêcher quelques allusions lourdes de sens aux évènements du 11/09/2001 (certaines scènes se déroulent à quelques mètres de Ground Zero), le message passe mieux, sans être pour autant édulcoré. Il faut voir Monty cracher violemment sa haine de chaque personne, chaque ethnie, chaque courant de pensée du monde (dont un certain Usama). Avant de ravaler sa salive et de finalement balancer cette haine dans sa propre tronche.
Le temps est compté pour Monty. Une petite journée avant le grand saut. Un compte à rebours qui fout la nausée. Monty a beau savoir qu'il est pleinement responsable (la came ne fout pas en l'air que la vie de ceux qui la prennent), la révolte gronde sous son crâne. Et s'il garde à l'esprit qu'il n'en a "que" pour sept ans, il a le même goût dans la bouche que s'il prenait perpétuité.
Il faut donc gérer les minutes qui s'égrènent, mais ce n'est pas tout. Car si Monty va en taule, c'est qu'il a été balancé. Et que le vent lui souffle que la responsable pourrait bien être Naturelle, la femme qu'il aime, pratiquement la seule à avoir pu donner des tuyaux à la police. Comme si l'idée d'aller an taule n'était pas suffisante.
L'une des grandes qualités du film, c'est que les personnages secondaires ne sont pas réduits à l'état de vignettes. Ils ont une personnalité, une épaisseur, leurs propres dilemmes. Il y a donc Naturelle, belle à se damner ; Frank et Jacob, amis d'enfance de Monty ; James, le père de Monty ; Mary, élève de Jacob, prêt à craquer pour elle ; Kostya le colosse ukrainien ; et Doyle, le chien un peu cabossé mais tellement essentiel. Ils gravitent autour de Monty (Edward Norton, gigantesque, bourré d'un mélange de spleen et de trouille) et lui donnent encore plus de valeur.
Une photo magnifique (lumières bleues, blanches, éblouissantes à souhait), quelques scènes franchement magistrales (dont une baston en fin de course) et un final ambigu, frustrant et génial font de The 25th hour un véritable bijou. Espérons que Spike Lee poursuive dans cette veine qui lui va comme un gant.

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